jeudi 8 octobre 2015

Tour d'Islande...8: Pit Stop à Reykjavík

Reykjavík

Mardi 3 Août 




Puisque cela fait quasiment deux semaines que je n'ai pas posté d'article en raison d'un emploi du temps professionnel plus que surchargé, je vais vous faire un petit résumé de l'épisode précédent histoire de remettre tout le monde dans le bain:


Voilà. Tout est dit, ou presque.

Après 11 jours de voyages, de l'autoroute, un mariage, de la pluie, de l'autoroute (bis), deux téléphones perdus, du froid, des consanguins, une traversée en Ferry,  des paysages ridiculement incroyables, des routes en terre, du camping sauvage, un changement de pneu avec le McGyver local, un enlisement, des myrtilles, des pistes défoncées perdues au milieu de (presque) nulle part; après avoir franchi mes premiers gués, roulé sur une autre planète, affronté le n'importe quoi sauvage, fait des rencontres improbables, bu des bières light (argh...), me voici en pause forcée dans la capitale islandaise avec mes suspensions et mes freins avant quasiment hors d'usage.

Pour mieux digérer ces deux petites contrariétés, la veille j'ai passé une petite soirée avec les gens du coin autour de quelques bières. Des vraies bières, avec plein d'alcool dedans, mes premières depuis que je suis en Islande. C'est donc avec un syndrome rectum-o-cranien aigu (appelé aussi "tête dans le cul") option "parpaing au milieu du front" que je vais me lever ce matin avec un unique objectif: apporter ma bécane au seul garage islandais apparemment digne de ce nom, et brûler une vierge...heu...un cierge, pardon, pour qu'ils puissent me réparer tout ça dans un délai et pour un prix raisonnables.

Bien sûr comme je suis quelqu'un d'organisé, j'avais tout bien repéré l'emplacement du garage sur ma petite carte du centre de Reykjavík. Comme un grand. Et à tout juste dix minutes de ma chambre d'hôte, pas besoin de se lever tôt, en plus! Wouhou! 
Sauf que malgré cela, et en vous passant les détails techniques, je vais mettre plus d'une heure et demi à trouver le garage, tournant et retournant dans ce que je croyais être le bon quartier et tombant dessus au final totalement par hasard, alors que j'étais à un rien de déclarer forfait.

L'important, c'est de l'accepter. (Illustration: Botan-a-becane.fr)
Je suis certes un gros boulet, mais l'essentiel est là, je suis au garage. Le mécano arrive: un gars tendance biker en Harley, grand et maigrichon, avec une grosse moustache et un bandana sur la tête. Il regarde ma moto. Apparemment il n'y a pas de problème pour réparer tout ce bazar. Reste à savoir quand!

Nous rentrons dans le magasin, il sort son calepin, tourne une page ou deux...suspens...

"Tomorrow morning...Nine o'clock?"

Alors j'avoue, d'un côté je vais être frustré de devoir rester un jour à Reykjavík sans rouler, en perdant ensuite encore une matinée. Mais  de l'autre, ça aurait pu être pire! Bien pire!

Je vais ensuite partir à la recherche d'un téléphone. Une aventure en soit quand on ne connait pas le nom des magasins type FNAC, qu'on ne trouve pas de grand centre commerciaux comme on peut en voir en France, et que les fourbes autochtones nous donnent des indications pour le moins obscures. Il me faudra près de deux heures pour trouver un téléphone basique et pas cher, ainsi qu'une carte SIM.
Et je peux vous dire que mon débit d'insultes à la seconde a atteint des records tellement ce genre de situation peut s'avérer frustrante. Se perdre et galérer dans des zones commerciales péri-urbaines moches pour acheter un téléphone que je vais de toute façon perdre ou casser quand à quelques kilomètres on sait que l'on va pouvoir trouver parmi les plus beaux paysages que l'on a jamais vu, c'est juste...

Énervant. Un peu.

Mais c'était nécessaire, et c'est Mad'moiselle qui sera contente (et papa-maman aussi) puisque maintenant, je vais pouvoir la prévenir si je m'enlise de nouveau dans la boue ou quand je serai proche de me faire dévorer par une marmotte zombie.

Pas l'air commode la bestiole...
.
Tout cela ne nous avance pas des masses, mais ça rassure tout le monde! Moi le premier.

Je vais ensuite rentrer dans ma maison d'hôte et croûter comme un sagouin. Oui je suis à Reykjavík, oui je devrais en profiter pour me balader, mais les villes et moi, nous sommes moyennement copains et puis un peu de repos ne fera pas de mal. L'après-midi sera donc consacrée à traîner sur internet, et à réfléchir à mon road-book des jours suivant: je veux faire de la piste, mais en même temps je n'ai pas envie de recasser le tracteur. Et si je veux faire le Tour de l'Islande (oui, je suis obsédé par faire le "tour" des choses), je dois me diriger vers le Nord-Ouest où les vrais pistes sont presque inexistantes. Les prochains jours seront donc assez paisibles par rapport au début de mon voyage...enfin, oui et non, car je vais passer pas loin de la correctionnelle en raison de quelques événements météorologiques particulièrement déplaisants. Mais ça, j'y reviendrai plus tard.

Je suis donc en mode loque humaine, hagard devant mon écran, bavant sur mon clavier, quand je vais recevoir un message sur Facebook. Le genre de message... comment dire?

Surprenant. Tout comme la photo qui l'accompagne.

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Bonjour Motard Bionique, Je crois que tu est en trein de chercher ta camera et que tu te demande ou tu la égarer. Un groupe sympatique de Motard a trouvé une camera sur la route F208 dans un état piteux mais c`est seulement le case qui est brisé. Nous avons eux beaucoup de plaisir a te voir danser apres ta traverse du cour d´eau !!! Nous aimerions pouvoir te retourner ta camera donc peut tu apeller ce noméro Islandais: 777 XXXX - Michael and the bikers!

Bordel, ma caméra.
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Je peux vous dire qu'à cet instant, j'ai un peu bloqué.

Gné.

Et quand, après un échange de mail, je vais apprendre que ce petit groupe de kékés en trail débarque à Reykjavík en début de soirée, mon blocage neuronal va se transformer en incrédulité.



Non seulement je vais récupérer ma caméra, mais surtout, je vais récupérer la petite danse de la victoire version Lac des Cygnes Arthritiques que j'avais effectué après un passage de gué, et que j'avais promis à une amie (Sandrine, si tu me lis, la vidéo c'est pour bientôt). 

Mais trêve de balivernes, il est temps de reconnecter les neurones, et d'aller boire quelques bières pour fêter ça!

Il est 18h environ, et appareil photo autour du cou, je vais faire un tour dans le centre ville. Et on peut dire que ce n'est pas franchement renversant...Les bars, nombreux, ont l'air très sympas et je pense que le week-end la vie nocturne doit valoir le détour. Mais nous sommes en semaine et il est encore relativement tôt, il n'y a pas grand monde, je trouve le quartier assez quelconque...

Bref, je me fais un peu chier. Faut bien le dire.

La rencontre avec l'universel étudiant-déjà-complètement-bourré-à-la-limite-du-coma-éthylique-et-qui-décuve-dans-un-parc-en-ayant-perdu-toute-dignité viendra tout de même égayer ce début de soirée.

Alors je vais reprendre une habitude de ma vie "civil" et prendre des photos de gens qui attendent. Oui, ça peut faire un peu un psychopathe dit comme ça, mais c'est toujours mieux que de congeler des enfants.






La vie est une salle d'attente, à chacun de trouver comment passer son temps.

Sur cette considération pour le moins philosophique, je vais rejoindre "mon" bar. A peine 24 heures dans la capitale islandaise que j'ai déjà mes petites habitudes.







Et je vais y retrouver Joküll, jeune artiste peintre avec qui j'ai un peu refait le monde hier soir, lors d'une ces rencontres que seul le voyage peut nous offrir .

Un bon gars.
Viendra se joindre à nous un autre jeune et un vieux gars complètement bourré. C'est un truc universel ça aussi, le vieux gars bourré du bar du coin. Suivront alors de grandes discussions plus ou moins décousues sur l'Islande, le voyage, le monde qui nous entoure, sa beauté et sa laideur, aussi. 
Et autant j'ai définitivement pris l'habitude de converser normalement avec presque tout le monde dans mon quotidien, autant je suis toujours aussi surpris de pouvoir échanger aussi facilement en anglais avec des inconnus...après presque 3 ans en mode bionique, ce sont ces petits moments qui me rappelle d'où je viens et le changement de vie fantastique qu'ont pu avoir ces quelques câbles branchés sur mon cerveau spongieux.

(En réalité, ce n'est pas du tout branché directement sur le cerveau...petite vidéo explicative pour ceux qui sont curieux :  https://www.youtube.com/watch?v=zeg4qTnYOpw)

Bref...

Sur les coup de 22h30, je vais recevoir un SMS: il est temps d'aller chercher ma caméra!

D'un pas vacillant, trois pintes de bière dans le sang oblige, je vais donc à la rencontre d'une partie de ce groupe de bikers qui viennent en fait de finir un voyage organisé et s’apprête à prendre l'avion demain matin. La moment fut bref mais chaleureux,et j’hallucine encore d'avoir à nouveau cette caméra dans les mains! Je suis surtout bien content de pouvoir récupérer ma petite danse de la victoire pleine de grâce...ou de graisse...on ne sait plus bien. Et puis je ne le sais pas encore, mais ce petit joujou va me permettre plus tard d'immortaliser deux ou trois belles séquences où j'ai bien fait n'importe quoi!

Celui qui est tombé sur ma caméra a eu droit à sa léchouille.

Ce soir là, malgré de belles rencontres, c'est tout de même la frustration qui domine. Entre le nécessaire changement de pneu et ces problèmes mécaniques, j'ai à ce moment du voyage perdu deux jours et demi...alors que je suis en Islande depuis tout juste six jours. Et je commence alors à douter de pouvoir faire ce satané tour.

Frustrant certes, mais ce jour de repos aura en fait permis de couper court à une fatigue naissante. Les batteries rechargés je vais envoyer du lourd dans les jours qui suivront, et surtout j'aurai l'énergie et la lucidité nécessaire pour pouvoir affronter le  terrible vent du Nord-Ouest. Celui qui retourne les camping-car, renverse les GS 1200, celui qui a bien failli m'envoyer voir les moutons de très près à plusieurs reprises!

A suivre...





4 commentaires:

  1. Excellent article, j'ai vraiment hâte de voir cette danse!

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  2. Mortel cet article! Merci de nous faire voyager comme ça. Qu'une envie: racheter une bécane et partir !

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  3. Encore ! encore !
    Tu as eu un bol d'enfer pour ta cam ! ;-) tu vois tu es béni... oui oui ! :-p
    Tes aventures sont excellentes ! Merci !

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  4. Mais beaver c'est pas une marmotte, c'est un castor ! :D

    Bon un castor zombie ça craint aussi.

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