I. Am. A. Machine.

Une machine, peut-être pas, mais depuis Novembre je suis passé en mode FULL BIONIC!

Et me voici donc maintenant avec 2 implants cochléaires!

Cyborg V.2

Une sacrée aventure de nouveau, un sacré "voyage" j'ai même envie de dire...

Bien sûr, ce voyage ne fut pas le même que la première fois. L'enjeu était bien moindre, j'avais déjà une oreille qui fonctionnait bien, je savais un peu par quoi j'allais passer. Alors, cette deuxième implantation, plus facile? Hum...Sur certains points, oui, sur d'autres, absolument pas!

Lors de ma première implantation, je n'en menais pas large...et on peut dire que ma convalescence et mon adaptation à la cyborg attitude furent très éprouvantes physiquement. Ceci dit, cette fatigue assez extrême fut largement compensée par la joie, le bonheur véritable, et limite irréel, de (re)découvrir ce qu'est une vie presque "normale". Moi, grand mâle plein de testostérone *ahem* je n'ai pas peur de dire que j'en ai pleuré pendant des jours, ou plutôt des semaines...

Redécouvrir la joie simple mais immense d'une conversion détendue et spontanée, apprécier de nouveau les soirées pour autre chose que les différents psychotropes qui nous passent dans le sang, reprendre confiance en soi et se rendre compte que, non, on est pas une merde, on était juste dans une situation merdique, rencontrer des gens, pleins de gens, entendre les chats ronronner, être saoulé par le bruit de son frigo, pouvoir regarder la télé avec du son et j'en passe...et puis il y a les oiseaux...le bordel que ça fait les piaf quand même! 

Le jour où je les ai de nouveau entendu il m'a bien fallut 5 vraies minutes pour comprendre ce qu'il se passait. J'étais là sur un trottoir à entendre ces sons bizarres, aigus, carrément anarchiques. "C'est quoi ce délire?!" me suis-je dis alors...je voulais savoir d'où cela venait, j'ai cherché, cherché...et puis là, j'ai vu. J'ai vu cette arbre, avec pleins de machins à plumes...et mon cerveau, à ce moment là, est allé chercher très loin ce vieux souvenir...le souvenir du gazouillis des oiseaux...ce son que j'avais oublié, oui, carrément oublié.

Et je vous garanti que ce genre d’événement, c'est un truc à vous filer un grand sourire pendant 10 ans! Au moins! En fait je crois même que ce son me donnera le sourire pendant tout le reste de ma vie.

Bref...tout comme j'ai redécouvert le cui-cui des piafs, j'ai donc redécouvert la vie et ce qu'elle aurait toujours due être: simple. Pas toujours facile, mais simple. Je ne vois pas d'autre mot. Et puis j'ai rencontré des gens, je me suis mis à la photo, j'ai eu mon permis moto,  j'ai rencontré encore plus de gens, j'ai fait de petits et un grand voyages, j'ai fait encore plus de photos, j'ai rencontré encore plus de gens, etc... et j'ai rajeuni de 10 ans (note: ce n'est pas pour ça que j'ai récupéré mes cheveux ceci dit).

Nous voilà alors le 15 septembre, je suis dans le bureau du Pr. B. qui m'annonce la date de ma seconde opération. Ce sera le 22 Novembre. Soit 1 an presque jour pour jour après mon premier branchement.

Bien sûr l'attente fut plus facile que la première fois...moins d'enjeux, moins d'inconnus...il n'empêche que le temps m'a paru tout de même suspendu pendant deux mois...on ne pense qu'à cela, toutes nos actions se font en fonction de cela, on se demande ce que ça va donner, on se pose beaucoup, beaucoup de questions...et des questions de merde en plus, qui n'aident pas vraiment à faire avancer le schmilibili...le schmilibli...le schimilibli...aaargh 

Le schmilblic!

Le temps passe donc, doucement, un dernier "petit" week-end de moto en solo dans les paysages de la Dordogne et du Lot...et me voilà enfin interner.

Nous sommes maintenant le 22 novembre 2013, il est environ 8h du matin....

Je suis sur ce lit, un peu (beaucoup) shooté aux anxiolytiques, dans la salle de transit des brancards...et malgré les cachetons, un coup d'angoisse.
Ça s'agite partout autour de moi, mais bordel qu'est ce qu'on se sent seul à ce moment là. Les yeux embués je me rassure en me disant que tout va bien se passer, que c'est la seule chose à faire, que je n'ai pas le choix, et que par conséquent, j'ai fait le bon choix. Je souffle un grand coup, pense au marathon de la rééducation qui m'attends, je re-souffle, et re-re-souffle.

Et là, je vois un pote qui débarque, bossant dans un bloc à coté (note: oui, j'ai un pote chirurgien, et c'est la classe). Je le vois avec son regard bienveillant, me demander si ça va, me faire un signe d'encouragement...ce fut juste quelques secondes, mais qu'est ce que ça fait du bien! Merci Clément!

C'est moi sous la grosse couette!

Je me réveille quelques heures plus tard...ça y est c'est fait...et je fuis. Non, je ne m'en vais pas en courant, je fuis...genre le gars qui n'est plus étanche. J'ai chaud, je sens une goutte de sueur couler dans mon coup, je l'essuie avec la main.

Ce n'était pas de la sueur. 

Vite faut appeler SOS plombier

Rien de grave ceci dit, et moi ça m'a bien fait marrer!

La période de convalescence fut nettement plus tranquille que l'année dernière...Premier grand changement, les visites! Même mes copines du taf sont venus alors que je leur fais supporter mes penchants pour la séquestration de jeunes filles à coup de pelle, la congélation de bébés potelés, ainsi que mes tendances zoophiles et j'en passe...elles ont bien du courage!

Le gars à lunettes, en fait c'est une fille... 

Deuxième changement, la douleur...elle fut moindre, j'ai mieux dormi, et je suis sorti de mon séjour assez "frais" (tout est relatif quand même).

Faut bien passer le temps...

Bordel mes cheveux...

Tellement frais que 5 jours après c'était "petit" apéro avec un pote, au bout de 15 jours, c'était gros apéro avec plein de potes et 1 mois après, c'était le nouvel an...et là je ne me souviens plus. De rien. 

Mais je m'égare...

La cicatrisation fut au top aussi.

3 semaines en 4 images

Autant je me souviendrais toute ma vie de la date de mon premier branchement, autant je suis hésitant sur celle du second...je crois que c'était le 20 décembre. 

Voilà le matos!

Et c'est là que c'est devenu difficile...vraiment.

En fait le grand problème, c'est qu'autant la première fois je partais de très loin et ça ne pouvait être que mieux, autant là, il est clair que l'impression de régression fut, dans mon cas, un peu dur à gérer. Surtout que je n'ai pu avoir qu'un réglage, clairement pas assez fort, et hop tout le monde est parti en vacances pendant deux semaines. Quel frustration! Je voulais des watts moi! Ou plutôt des ampères mais on ne va pas chipoter...

La première fois, en 48h, ma vie avait déjà complètement changé...cette fois-ci, au bout d'un mois, je ne voyais toujours pas de gain. Alors ceux qui savent diront que "1 mois c'est rien du tout" et ils auront bien raison..."Patience, Practice, Perseverance" comme disent les ricains! Mais je ne suis pas forcément d'un naturel très patient... Et puis on a envie que ça avance, "bordel de merde"! Alors on se met la pression, on bosse, on fait des exercices.

Ça s'est arrangé un peu au fur et à mesure, à coup de réglages et d'orthophonie, jusqu'à que j'ai, comme j'appelle ça, un "burn-out" auditif. Presque 3 mois après l'opération me voici avec une crise de vertiges qui m'aura cloué chez moi une semaine, dont 27 heures sans boire, ni manger, ni bouger...sauf pour vomir...

La fête.

Mais pendant toute cette période, je suis resté débrancher, et j'ai aussi pu dormir, beaucoup. Des journées entières. J'ai pu recharger les batteries, me reposer, souffler un grand coup, et lâcher prise vis à vis de ce second implant qui alors ne paraissait pas m'apporter grand-chose.

Tout cela s'est déroulé mi-Février environ...et aujourd'hui, après encore quelques réglages et un peu de travail, j'ai de nouveau ces moments où je me dit: "WOW!"...suivre tranquillement une discussion croisée à 4 à la terrasse d'un café, être presque moins gêné par le brouha dans un bar que la jeune femme que l'on accompagne, discuter une soirée entière au restaurant sans faire le moindre effort, etc etc etc...et puis les oiseaux en stéréo ça claque bien aussi! Je ne parlerais même pas des petites discussions sur l'oreiller dans l'obscurité...magique, tout simplement. La musique aussi passe vraiment pas mal avec deux implants!

Bien sûr ce n'est toujours pas parfait, certaines situations restent délicates, certaines personnes sont difficiles à comprendre, et ça sera toujours ainsi...alors j'ai maintenant décidé de l'accepter, pleinement, de moins me prendre la tête sur ces (rares) moments où je galère malgré mes 2 implants. Je vais laisser faire le temps, et continuer ce que je fais depuis plus de 1 an et demi maintenant:

Etre heureux et profiter de la vie. La vraie. 

Et faire des voyages de connard! Cet été, ce sera le grand tour des Alpes qui me conduira jusqu'en Autriche! 

A suivre...  :)

Je dédie ce billet à Amélie Audoit, l'orthophoniste qui m'a suivi pendant presque deux ans...celle qui m'a lancé sur la voie de l'implant et sans qui je n'en serais pas là.