mercredi 5 novembre 2014

Tour des Alpes... Bilan, conclusion et perspectives

Tour des Alpes 2014:

 Bilan, conclusion et perspectives




Quelques chiffres pour commencer...

- 2500, le budget tout compris (tout de A à Z) 
- 27 jours de voyage 
- 21 étapes
- 5 pays "traversés" (France, Suisse, Allemagne, Autriche, Italie)
- 9 à 10h de roulage par jour en moyenne
- 2807, altitude max 
- 19h30, ma plus grosse journée
- 200, surement le nombre approximatif de cols que j'ai franchi au final (peut-etre plus!)
- 1 Mont Ventoux de nuit
- 400 litres d'essence
- 500 kilomètres maxi d'autoroute/voie rapide
- 1 train de pneus rincé à 80% (Pilot Road 4)
- 0 vraie frayeur
- 1 chute
- 3 "presque chutes"
- 5 / 6 euros, budget bouffe et boisson moyen journalier 
- 1 gros coup de fatigue
- 1 rencontre improbable
- Beaucoup de pluie!
- Beaucoup de brouillard!
- Et le vent! Et le froid!
- Des milliers d'épingles négociées (plus ou moins) en souplesse 
- Des dizaines et dizaines de fractures de la rétine
- Des centaines de photos (environ 900 déclenchements au total)
- Plein de petites et belles rencontres (Mika si tu me lis ;) )
- Quelques Arsouilles
- Quelques grosses larmes de bonheur
- Quelques gros pétages de plombs 
- Beaucoup, beaucoup d'aventure


Mon tour de France fut hautement symbolique. C'était mon premier voyage à moto, et il suivait mes premiers mois d'homme bionique. Un voyage un peu fou, tout comme cette première implantation cochléaire. Dans les deux cas on ne sait pas vraiment dans quoi on s'engage, on essaie de prévoir les choses, de minimiser les sources d'imprévus mais au final on ne peut savoir ce que l'on va ressentir, quel sera le résultat, comment cela va nous changer, nous, notre vision du monde et des gens...bref, ce sont des grandes aventures, et j'ai eu la chance de vivre les deux en quelques mois!
Cette année, rebelote, ou presque. Si le symbole est moins fort, je peux encore faire de nombreux parallèles entre ce deuxième voyage et ma seconde implantation. Bien qu'ayant plus d'expérience, on peut dire que j'ai quand même pris une sacré gifle, dans le bon sens du terme, mais parfois aussi dans un sens un peu moins bon. Sur certains cotés ce fut plus dur, sur d'autres, plus facile...dans tout les cas, ce fut assez différent et ce n'est pas pour me déplaire.

Cela fait plus de deux mois que je suis rentré, et en relisant un peu ce blog, j'avoue avoir du mal à réaliser que j'ai bel et bien fait ce voyage. Comme si tout cela fut un peu un rêve...un rêve de 6820,6 kilomètres.



Ce kilométrage, c'est un peu la déception du voyage...je comptais faire plus! Mais le temps, l'argent, la météo et la fatigue en ont décidé autrement. Et puis cette année, je ne me suis quasiment pas perdu, c'est un gros progrès et ça aide à réduire le nombre de kilomètres!

Mais dans toutes ces bornes, il y en a qui ont compté triples, au moins!

Franchement, si la veille du départ on m'avait dit que cela allait se passer comme ça, que j'allai affronter toute cette pluie, ce brouillard, ce froid, sur ces routes des plus exigeantes, je ne serais tout simplement pas parti. Il y eu la solitude aussi...partir 3 semaines pour un tel voyage sans voir personne de connu m'a plus impacter que ce que j'aurais pu croire. Cela a vraiment exacerbé les choses, les bonnes comme les moins bonnes, a un point que je n'avais pas bien appréhendé. Et il faut bien avouer qu'il y a de quoi gentillement péter un câble de temps en temps...J'aurais du enregistrer ma gigue de la victoire ou les vocalises de psychotique que je peux faire sous mon casque dans les moments où "on se sent vivre"... Cela vous donnerait une idée. Cela vous ferait peur, aussi.

Bref...

Je disais donc...je ne serais pas parti, je ne m'en serais pas senti capable.

 Et cela aurait été bien dommage.

Car non seulement cela s'est passé comme sur des roulettes, sans véritables problèmes, mais surtout ce voyage restera comme une aventure vraiment, vraiment dingue. Bien sûr, mon Tour de France était déjà très marquant, mais il faut l'avouer, par rapport à ce tour des Alpes, cela ressemblait plutôt à une gentille balade pour fillette myopathe anorexique! (Note: je sens qu'une association de fillettes myopathes anorexiques va me tomber dessus sous peu...)

Une aventure qui restera donc gravée à jamais, non pas dans ma mémoire, les choses s’effaçant vite de mon cerveau en raison de son caractère spongieux, mais certainement dans mon cœur, tant le bonheur de rouler loin, la joie de la découverte, de l'aventure et du dépassement de soi, laisse une sensation, un frisson, inaltérable au plus profond de mon petit être sensible et fragile tel la petite loutre sauvage que je suis, même si je suis pas très poilu.

Ce n'est pas parce que j'ai une passion pour les pelles rouillées, le GHB et les bébés congelés que je ne suis pas un être sensible et délicat.

L'année dernière, mon voyage m'avait fait comprendre, que moi aussi, malgré mon âge avancé et ma calvitie, je pouvais de nouveau avoir des rêves et (re)vivre des trucs de dingues après tant d'années de sinistrose aigu, genre le gars qui pense que sa vie est derrière lui. En fait, ce voyage m'avait vraiment fait comprendre que depuis mon implantation, j'étais en train de revivre, tout simplement. Et en train de reconstruire mes fondations.
Quand on devient sourd, que l'on perd tant de gens et tant de choses, que l'on perd sa liberté, que l'on se perd soi-même, que l'on s'y résigne...puis qu'un jour, comme ça, on se fait charcuter, que l'on devient bionique et que l'on se remet à entendre, que l'on se sent de nouveau libre, que l'on est de nouveau libre, c'est quelque chose de miraculeux mais aussi d'assez perturbant...on ne sait plus trop qui on est. On se redécouvre, on change...ou peut-être pas...peut-être que l'on peut juste être enfin soi. C'est une grande question... Je veux dire, ce gars qui n'entendait rien, qui ne comprenait rien, qui restait dans son coin, toujours un peu perdu, toujours à la traîne, ce gars cynique et pessimiste qui n'avait plus ni véritables envies ni véritables rêves, était-il vraiment moi?

Depuis maintenant 2 ans, presque jours pour jours, grâce à mes potes, à la moto, à la photo, aux apéros, aux rencontres, à ce blog, je me reconstruis petit à petit. Je déblaie ce qui était enterré, j'essaie de réparer ce qui s'est brisé. Mais ce tour des Alpes marque peut-être la fin d'un processus...je crois qu'il m'a aidé à finir de les reconstruire, ces fondations, tout comme mon deuxième implant a fini de reconstruire mon audition. A moi maintenant de repartir sur cette nouvelle base... Ceci dit, bionique ou pas, je pense que c'est le propre du voyage que de pouvoir se retrouver face à soi-même, apprendre à mieux se connaître, et même se (re)découvrir.

Il n'y aura pas de troisième implantation (Note: sans déconner...), et je m'apprête, non sans une certaine angoisse, à reprendre une vie normale. Finies donc l'attente et les opérations, finis les réglages et les séances d'orthophonie, finis aussi les exercices de réhabilitation à la maison. Finies ces expériences tellement fortes que tout le reste nous semble tellement futile, et place aux petites tracasseries du quotidien.  Mon niveau d'audition s'est stabilisé et ne progressera plus vraiment. Ce n'est pas parfait, certes, parfois un peu frustrant, mais les seules choses qui me séparent encore vraiment des autres c'est que je dois me brancher le matin, et recharger mes batteries le soir, au sens propre!

Il n'y aura plus d'implantations, mais il y aura encore des voyages!

Avec cette petite balade dans les Alpes, j'ai donc appris à me connaître un peu plus et j'ai vraiment pris conscience de mon goût pour l'aventure. Ou plutôt, disons que maintenant j'ai confiance en moi, je sais que j'en suis capable...et ça change tout.
J'aime me retrouver au milieu de nulle part, j'aime les grands espaces. J'aime rouler loin, peu importe les conditions. Je veux aller là où si peu de motards vont. Je veux aller plus loin, plus haut. Je veux continuer à vibrer devant des paysages monumentaux, je veux continuer à arpenter des routes improbables, je veux continuer à me gameler dans la boue, à avoir froid, chaud, faim, soif, je veux continuer à en prendre plein les yeux, à rencontrer des gens incroyables, continuer à avoir un grand sourire sous mon casque en me disant:

"Mais bordel, qu'est ce que tu fous là?!!"


A suivre...


Ça va être n'importe quoi!


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