lundi 1 octobre 2018

Maroc 2017 - Etape 9 : A Dadès sur mon bidet


Imilchil - Boulmane Dadès

17 octobre






Ai-je déjà osé titre d'article plus honteux que celui-ci ? Je ne pense pas.

En même temps, depuis que j'ai perdu deux téléphones en deux jours sur la route de mon voyage en Islande, je suis plutôt à l'aise avec le concept de honte.

J'assume donc parfaitement.

De plus, ce titre, il a l'avantage de parfaitement poser les deux grandes lignes de la journée. A savoir, pour la première, que je vais rejoindre aujourd'hui l'endroit qui me sert de prétexte à ce voyage : les Gorges du Dadès. Et pour la seconde ligne, je vais vous faire grâce des détails...

Je dirais simplement qu'il y avait alors une recrudescence de gros désordre intestinal. Et, on en restera là.

The purge : Morocco nightmare.

Et si cette journée fut marquée par de belles crampes d'estomac et des paysages à se taper le cul par terre - mais pas trop fort sinon l'accident guette, sûrement les plus beaux de mon voyage, elle fut aussi marquée par une longue et magnifique piste ainsi que par beaucoup de fatigue. Les jours passent, la chaleur reste, les nuits sont toujours aussi courtes puisque mon cerveau spongieux a décidé que non, il ne fera pas de pause, et mon organisme trinque.

Petite chose fragile que je suis.

Quoique, pour la chaleur, ce matin là, je vais relativiser.

Car il fait froid à Imilchil ! Wouh ! Enroulé sous une épaisse couette, je goûte la fraîcheur et savoure mon réveil après une des seule bonne nuit de mon voyage. Je branche mes oreilles, et ce petit moment de volupté va être stoppé par un déluge sonore non identifiable...


Non mais, ho ?!

Le temps pour mes nerfs auditifs de se réveiller, pour mon encéphale de connecter ses deux neurones, et je vais comprendre ce qu'il se passe. Je passe ma tête dans la petite fenêtre...




C'est l'appel à la prière qui résonne dans toute la vallée...J'avoue ne pas être très porté sur la religion, quelle qu'elle soit, mais il faut le reconnaître : ce chant qui s'étend dans cette grande vallée est beau, envoûtant, et très impressionnant !

Pendant que j'avale goulûment mon petit-déjeuner, mes hôtes du jour vont me conseiller un détour par un lac plus au Nord. C'est un peu à l'opposé de la piste qui pourrait m'amener dans les gorges du Dadès, mais pas si loin non plus.

Alors une fois les affaires chargées...

Mouais...

Le voilà donc ce fameux lac, qui avouons-le, n'a pas grand intérêt ! Il est temps alors de faire demi-tour pour reprendre donc la piste qui me mènera dans les gorges...Ce sera la seule péripétie d'une journée sans accroc, aucun, mais où mes rétines vont finir par imploser environ tous les cents cinquante mètres.


RIP mes rétines.

Ceci étant dit, pour l'instant, il me faut rejoindre la piste des gorges...Les rétines vont quand même déjà prendre assez cher, hein.

























Alors que je m'arrête au détour d'un petit village pour prendre une photo, une nuée de gamins va sortir de nulle part...


C'était plutôt calme pourtant, à la base.


J'en ai déjà parlé dans de précédents articles, mais les enfants au Maroc, dans les petites villes et les villages, c'est toute une histoire. Une histoire de sourires, de cocasses négociations, mais aussi une histoire parfois triste et surtout désarmante, poussant parfois à de profondes réflexions.
J'y ai laissé entre autres choses, des bonbons, des chewing-gums, des pommes, des bouteilles d'eau, des cacahuètes, des grenades - le fruit, soyons clairs, des stylos, un chech, presque tous mes t-shirts et...un cahier.
Ce jour-là, il y avait notamment cette petite fille qui agitait devant moi un cahier bleu, me montrant son contenu, très certainement son cahier d'école sur lequel il n'y avait plus une page vierge...
Alors je lui ai donné mon petit cahier, celui sur lequel j'avais pris quelques notes de ces dix premiers jours de voyage afin de pouvoir vous raconter au mieux tout ce que je ne peux pas photographier, soit environ 98% de ce qu'il se passe, de ce que l'on pense et de ce que l'on ressent dans un voyage.

Je lui ai donné, et comme un con, je n'ai pas pensé à arracher les quelques pages que j'avais griffonnées.

Et puisque je n'ai pas pris le temps d'en chercher un autre, j'écris donc ces articles, depuis plusieurs mois maintenant, avec mes simples souvenirs. Mais elle en aura certainement bien plus d'utilité que moi, de ce cahier, et elle semblait tellement contente. Tellement contente pour un simple cahier.

C'était touchant, et c'était un peu triste aussi.
En règle générale, les enfants, je ne les aime que congelés, en ragoût, ou au bout d'une pelle rouillée. Éventuellement, en compost. Mais ce jour là, ces jours là, pendant ce voyage, ce n'était pas pareil...
Ces moments remuent, ils vous remettent plein d'idées en place, et en font germer d'autres. Cela pose aussi beaucoup de questions. Et je ne suis pas sûr que donner ainsi ce que l'on a soit dans l'absolu la bonne chose à faire. Mais comment agir autrement quand on est dans l'instant ?
Franchement je ne sais pas.

Ils avaient l'air contents, ces gamins, il avait l'air tout aussi content cet adulte qui les accompagnait, que je m'arrête, que je discute, que je troque un t-shirt ou deux, quelques bonbons, et ces pommes que j'avais achetées sur le bord d'une route la veille.
Et c'est tout ce que j'ai envie d'en retenir.



Je vais ensuite reprendre ma route...








C'est assez rare, mais en ce début de journée mon plan se déroule donc sans accroc.

Dingue.



Me voici dans un village qui devrait marquer le début la piste que je cherche à rejoindre depuis le début de matinée. Mais alors que je suis plein de confiance, déambulant fièrement dans quelques étroites et poussiéreuses ruelles, je me retrouve plus ou moins bloqué par un trou d'eau boueuse dont la traversée me semble hasardeuse et source d'emmerdements potentiels, ne sachant pas bien ce qui peut traîner au fond.

Et puis ça a l'air profond ce truc.

On est jamais trop prudent, n'est ce pas ?

Ce petit homme qui s'approche vers moi a bien compris mon désarroi, et voilà qu'il me propose de me guider à travers le village pour m'amener à l'entrée de la piste en toute sérénité. Et voilà donc que je roule dans un dédales de ruelles en terre, suivant ce petit garçon courant comme un dératé, et jetant quelques coups d’œil derrière lui pour voir s'il ne m'a pas perdu.

Comme quoi cela doit être inscrit sur ma gueule que je suis un poireau, il se méfie.

Une vraie scène de film qui me donne un grand sourire, et qui vaudra à ce petit être non pas un coup de pelle, mais un billet bien mérité vu le service rendu !

Je sors enfin du village, et ce que je vois devant moi va m'imposer une halte.


Bim. Bam. Boum.

Cette large piste semble s'enfoncer et se perdre dans ces montagnes si particulières, comme une belle promesse d'aventure et de découverte. Un panorama grandiose, de ceux pour lesquels on voyage, que je vais admirer le temps de boire quelques gorgées d'eau et d'inhaler quelques bouffées de cigarettes.

Qu'est ce qui m'attend donc derrière ces montagnes ? C'est la grande question que je me pose avec un mélange d'angoisse et d'excitation.

Le reste, je crois, peut se passer d'un excès de commentaires...
















Au risque de vous décevoir, il n'y aura donc pas de "grand n'importe quoi" ce jour-là, pas d'accrocs au plan. La piste est facile et très roulante. Les parties un peu plus techniques seront juste ludiques, ce qu'il faut pour varier les plaisirs en toute décontraction.








Et puis, au fil des kilomètres qui s'enchaînent à bon rythme, les paysages vont devenir de plus en plus typiques et sauvages. J'ai de l'eau en pagaille, à manger et de l'essence pour 250 kilomètres. Mon esprit est libre pour pleinement profiter du moment.




















Et enfin, me voici sur la piste surplombant les gorges, qui m'offre une vue presqu'irréelle qui n'a pas besoin de mots pour être racontée.














































































Alors que je rejoins une route qui me semble maintenant assez touristique, se présente à moi un petit café. Je suis très fatigué et une pause est plus que bienvenue. Je gare la moto, passe l'entrée, pose mes affaires sur une petite table de la terrasse, commande une citerne de whisky berbère.

Et quand je vais enfin aller admirer la vue... 

La voilà donc cette fameuse route ! Celle que l'on peut voir rien qu'en faisant une simple recherche Google avec le terme "Maroc".

La Route des Gorges du Dadès.

Alors je vais moi aussi faire le touriste et l'immortaliser comme des milliers de gens chaque jours.


Et on ne le regrette pas !

Le temps devient plus que menaçant, et j'ai bien peur que la fine pluie présente maintenant depuis quelques heures se transforme en orage. Il est temps de repartir !










La terre rouge, les massifs aiguisés, le temps orageux, tout est réuni pour sublimer cette fin de journée...












Et l'orage fut. La photo de conn*rd aussi.










Une fois arrivé à Boulmane Dadès, il sera temps de chercher un logement...









Je vais en fait rouler une bonne quarantaine de kilomètres de plus vers l'ouest pour finir dans un hôtel isolé sur le bord d'une nationale. Mes rétines brûlent et, dans l'instant, j'ai l'impression d'avoir vu les plus beaux paysages de ma vie, reléguant ceux de l'Islande au rang de simples sympathiques panoramas !  Ce n'est bien sûr pas très objectif, ni tout à fait vrai, mais c'est avec ce sentiment que je vais m'endormir, sourire aux lèvres, et encore une fois dans une relative fraîcheur franchement bienvenue.

Et si cette journée se déroula sans accroc malgré des dizaines et dizaines de kilomètres de piste, le lendemain marquera alors presque naturellement le tournant que j'expérimente à chaque fois que je pars longtemps - tout est relatif, ce moment où le voyage semble devenir notre quotidien, notre nouvelle vie.

Ce moment où on finit par tout laisser derrière soi et où la route nous donne tout ce dont on a besoin...


And the road becomes my bride

I have stripped of all but pride
So in her I do confide
And she keeps me satisfied
Gives me all I need


Metallica - Wherever I May Roam




5 commentaires:

  1. on se croirait devant le film de Laurence d'Arabie avec ces paysages !

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  2. Je viens de lire d'une traite les 9 étapes. Quel style! Et je vois maintenant que le dernier article date d'Octobre 2018, rassure-moi tu vas la publier un jour la suite? Parce que tu as quand même fait monter le suspens sur comment tout ça va se finir... Tu ne peux pas nous laisser comme ça!!!

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  3. Bonjour ! Je m'appelle Mélissa, je suis québécoise et aussi porteuse de 2 implants cochléaires depuis 2014! Comme c'est génial de lire votre blogue, ça me rappelle des souvenirs, surtout post-opération et la voix des robots...ouf ! J'ai découvert vos aventures en cherchant un site parlant de moto et de porteurs d'implant car je souhaiterais faire de la moto prochainement ! Je me demandais si c'était possible pour le casque avec des implants. J'aimerais beaucoup communiquer avec vous. Je ne m'y connais pas du tout sur les blogues, c'est la première fois que je lis un blogue en fait ! Je ne connais pas d'autres porteurs d'implant. J'aimerais communiquer avec vous pour avoir des trucs de moto ! Merci :) Mélissa

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  4. Salut,

    Sur mon Facebook ce serait plus simple ! La messagerie est plus pratique ;)

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