mercredi 5 novembre 2014

Tour des Alpes... Bilan, conclusion et perspectives

Tour des Alpes 2014:

 Bilan, conclusion et perspectives




Quelques chiffres pour commencer...

- 2500, le budget tout compris (tout de A à Z) 
- 27 jours de voyage 
- 21 étapes
- 5 pays "traversés" (France, Suisse, Allemagne, Autriche, Italie)
- 9 à 10h de roulage par jour en moyenne
- 2807, altitude max 
- 19h30, ma plus grosse journée
- 200, surement le nombre approximatif de cols que j'ai franchi au final (peut-etre plus!)
- 1 Mont Ventoux de nuit
- 400 litres d'essence
- 500 kilomètres maxi d'autoroute/voie rapide
- 1 train de pneus rincé à 80% (Pilot Road 4)
- 0 vraie frayeur
- 1 chute
- 3 "presque chutes"
- 5 / 6 euros, budget bouffe et boisson moyen journalier 
- 1 gros coup de fatigue
- 1 rencontre improbable
- Beaucoup de pluie!
- Beaucoup de brouillard!
- Et le vent! Et le froid!
- Des milliers d'épingles négociées (plus ou moins) en souplesse 
- Des dizaines et dizaines de fractures de la rétine
- Des centaines de photos (environ 900 déclenchements au total)
- Plein de petites et belles rencontres (Mika si tu me lis ;) )
- Quelques Arsouilles
- Quelques grosses larmes de bonheur
- Quelques gros pétages de plombs 
- Beaucoup, beaucoup d'aventure


Mon tour de France fut hautement symbolique. C'était mon premier voyage à moto, et il suivait mes premiers mois d'homme bionique. Un voyage un peu fou, tout comme cette première implantation cochléaire. Dans les deux cas on ne sait pas vraiment dans quoi on s'engage, on essaie de prévoir les choses, de minimiser les sources d'imprévus mais au final on ne peut savoir ce que l'on va ressentir, quel sera le résultat, comment cela va nous changer, nous, notre vision du monde et des gens...bref, ce sont des grandes aventures, et j'ai eu la chance de vivre les deux en quelques mois!
Cette année, rebelote, ou presque. Si le symbole est moins fort, je peux encore faire de nombreux parallèles entre ce deuxième voyage et ma seconde implantation. Bien qu'ayant plus d'expérience, on peut dire que j'ai quand même pris une sacré gifle, dans le bon sens du terme, mais parfois aussi dans un sens un peu moins bon. Sur certains cotés ce fut plus dur, sur d'autres, plus facile...dans tout les cas, ce fut assez différent et ce n'est pas pour me déplaire.

Cela fait plus de deux mois que je suis rentré, et en relisant un peu ce blog, j'avoue avoir du mal à réaliser que j'ai bel et bien fait ce voyage. Comme si tout cela fut un peu un rêve...un rêve de 6820,6 kilomètres.



Ce kilométrage, c'est un peu la déception du voyage...je comptais faire plus! Mais le temps, l'argent, la météo et la fatigue en ont décidé autrement. Et puis cette année, je ne me suis quasiment pas perdu, c'est un gros progrès et ça aide à réduire le nombre de kilomètres!

Mais dans toutes ces bornes, il y en a qui ont compté triples, au moins!

Franchement, si la veille du départ on m'avait dit que cela allait se passer comme ça, que j'allai affronter toute cette pluie, ce brouillard, ce froid, sur ces routes des plus exigeantes, je ne serais tout simplement pas parti. Il y eu la solitude aussi...partir 3 semaines pour un tel voyage sans voir personne de connu m'a plus impacter que ce que j'aurais pu croire. Cela a vraiment exacerbé les choses, les bonnes comme les moins bonnes, a un point que je n'avais pas bien appréhendé. Et il faut bien avouer qu'il y a de quoi gentillement péter un câble de temps en temps...J'aurais du enregistrer ma gigue de la victoire ou les vocalises de psychotique que je peux faire sous mon casque dans les moments où "on se sent vivre"... Cela vous donnerait une idée. Cela vous ferait peur, aussi.

Bref...

Je disais donc...je ne serais pas parti, je ne m'en serais pas senti capable.

 Et cela aurait été bien dommage.

Car non seulement cela s'est passé comme sur des roulettes, sans véritables problèmes, mais surtout ce voyage restera comme une aventure vraiment, vraiment dingue. Bien sûr, mon Tour de France était déjà très marquant, mais il faut l'avouer, par rapport à ce tour des Alpes, cela ressemblait plutôt à une gentille balade pour fillette myopathe anorexique! (Note: je sens qu'une association de fillettes myopathes anorexiques va me tomber dessus sous peu...)

Une aventure qui restera donc gravée à jamais, non pas dans ma mémoire, les choses s’effaçant vite de mon cerveau en raison de son caractère spongieux, mais certainement dans mon cœur, tant le bonheur de rouler loin, la joie de la découverte, de l'aventure et du dépassement de soi, laisse une sensation, un frisson, inaltérable au plus profond de mon petit être sensible et fragile tel la petite loutre sauvage que je suis, même si je suis pas très poilu.

Ce n'est pas parce que j'ai une passion pour les pelles rouillées, le GHB et les bébés congelés que je ne suis pas un être sensible et délicat.

L'année dernière, mon voyage m'avait fait comprendre, que moi aussi, malgré mon âge avancé et ma calvitie, je pouvais de nouveau avoir des rêves et (re)vivre des trucs de dingues après tant d'années de sinistrose aigu, genre le gars qui pense que sa vie est derrière lui. En fait, ce voyage m'avait vraiment fait comprendre que depuis mon implantation, j'étais en train de revivre, tout simplement. Et en train de reconstruire mes fondations.
Quand on devient sourd, que l'on perd tant de gens et tant de choses, que l'on perd sa liberté, que l'on se perd soi-même, que l'on s'y résigne...puis qu'un jour, comme ça, on se fait charcuter, que l'on devient bionique et que l'on se remet à entendre, que l'on se sent de nouveau libre, que l'on est de nouveau libre, c'est quelque chose de miraculeux mais aussi d'assez perturbant...on ne sait plus trop qui on est. On se redécouvre, on change...ou peut-être pas...peut-être que l'on peut juste être enfin soi. C'est une grande question... Je veux dire, ce gars qui n'entendait rien, qui ne comprenait rien, qui restait dans son coin, toujours un peu perdu, toujours à la traîne, ce gars cynique et pessimiste qui n'avait plus ni véritables envies ni véritables rêves, était-il vraiment moi?

Depuis maintenant 2 ans, presque jours pour jours, grâce à mes potes, à la moto, à la photo, aux apéros, aux rencontres, à ce blog, je me reconstruis petit à petit. Je déblaie ce qui était enterré, j'essaie de réparer ce qui s'est brisé. Mais ce tour des Alpes marque peut-être la fin d'un processus...je crois qu'il m'a aidé à finir de les reconstruire, ces fondations, tout comme mon deuxième implant a fini de reconstruire mon audition. A moi maintenant de repartir sur cette nouvelle base... Ceci dit, bionique ou pas, je pense que c'est le propre du voyage que de pouvoir se retrouver face à soi-même, apprendre à mieux se connaître, et même se (re)découvrir.

Il n'y aura pas de troisième implantation (Note: sans déconner...), et je m'apprête, non sans une certaine angoisse, à reprendre une vie normale. Finies donc l'attente et les opérations, finis les réglages et les séances d'orthophonie, finis aussi les exercices de réhabilitation à la maison. Finies ces expériences tellement fortes que tout le reste nous semble tellement futile, et place aux petites tracasseries du quotidien.  Mon niveau d'audition s'est stabilisé et ne progressera plus vraiment. Ce n'est pas parfait, certes, parfois un peu frustrant, mais les seules choses qui me séparent encore vraiment des autres c'est que je dois me brancher le matin, et recharger mes batteries le soir, au sens propre!

Il n'y aura plus d'implantations, mais il y aura encore des voyages!

Avec cette petite balade dans les Alpes, j'ai donc appris à me connaître un peu plus et j'ai vraiment pris conscience de mon goût pour l'aventure. Ou plutôt, disons que maintenant j'ai confiance en moi, je sais que j'en suis capable...et ça change tout.
J'aime me retrouver au milieu de nulle part, j'aime les grands espaces. J'aime rouler loin, peu importe les conditions. Je veux aller là où si peu de motards vont. Je veux aller plus loin, plus haut. Je veux continuer à vibrer devant des paysages monumentaux, je veux continuer à arpenter des routes improbables, je veux continuer à me gameler dans la boue, à avoir froid, chaud, faim, soif, je veux continuer à en prendre plein les yeux, à rencontrer des gens incroyables, continuer à avoir un grand sourire sous mon casque en me disant:

"Mais bordel, qu'est ce que tu fous là?!!"


A suivre...


Ça va être n'importe quoi!


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mardi 14 octobre 2014

Tour des Alpes... 20: Le jour le plus long

Etape 20: Le jour le plus long

Claviere (Italie) - Montpellier (France)

Et oui...rien que ça...

Aujourd'hui c'est mon dernier jour dans les Alpes! Et dans 3 jours, je serai à Montpellier, chez mes parents, après un petit passage dans le Var chez un pote pour boire l'apéro...

Hum...

Enfin ça, c'est ce qui était prévu! Car à l'image d'une bonne partie de mon voyage, ce dernier jour dans les Alpes va être marqué au fer rouge par le sceau du grand n'importe quoi!

Mais pour l'instant je me lève à peine dans la petite chambre de mon refuge. J’émerge doucement, je branche mes oreilles, et j'entends...la pluie. C'était écrit: ce dernier jour dans les Alpes sera pluvieux, brumeux et froid, ou ne sera pas. Le pire dans tout ça, c'est que cela me donne le sourire...et oui, il fallait que ça finisse comme ça! Ça ne pouvait pas être autrement!

13/08/14 - 9h (départ H+0):

Après un petit déjeuné où j'ai bu ce que je pense être le plus mauvais café de toute la galaxie, il est temps de monter mon fidèle tracteur, direction le col de la Bonette, la route la plus haute d'Europe.

Mais avant il me faudra faire un peu de slalom entre les flaques...



Je vais d'abord me diriger vers le col de l'Izoard via des routes qui, comme d'habitude, et ça devient lassant, ne méritent que des qualificatifs bien pompeux...




Lors d'un ravitaillement de mon tracteur, je passerai l'entrée d'une concession KTM pour y voir la moto de mes rêves. La seule pouvant faire office d'avion de chasse, et de super-motard (motos super maniables et pleines de patates pour s'amuser dans les routes de cols), et de moto tout-terrain. Je l'aurai un jour, je l'aurai!

Mon banquier n'est pas d'accord.

13/08/14 - 10h (départ H+1):

Le col de l'Izoard, je vais donc me le taper sous la pluie, dans le froid, avec du brouillard parfois...avec le sourire aux lèvres, tout le temps. La route glisse à fond à cause de la pluie et de la température ambiante qui empêche les pneus de chauffer, c'est la lutte, c'est beau, et je suis bien. Oui ça parait dingue mais c'est vraiment dans ces moments là qu'on se sent vivre, dans ces moments là que l'on se sent un peu aventurier. Et ce sont ces moments là qui deviennent les meilleurs souvenirs, tout simplement. Et puis ce sont mes derniers kilomètres dans les Alpes que je fais là, et je compte en profiter à fond!













13/08/14 -  10h50 (départ H+1h50):

Me voici alors au sommet...



La descente sera bien tendue et casse-gueule...

Une fois le l'Izoard franchi, je vais de nouveau rejoindre la D902, la Route des Grand Alpes, qui est à mon avis LA route à se faire une fois dans sa vie de motard voyageur, passant notamment par les cols les plus célèbres du Tour de France de nos amis les dopés (i.e, les cyclistes).










13/08/14 -  12h15 (départ H+3h15):

S'en suivra, toujours sous un temps de merde, mais toujours avec le sourire, un petit col dont je ne me souviens pas du nom...

On me signale dans l'oreillette que ce serait peut-être le Col du Vars...oui...avec un "s".











Par contre je me souviens très bien des tartelettes à la noix trônant dans le petit café où je ferai une pause...raaaaah bordel, ça avait l'air trop bon, mais à 4 euros, soit environ mon budget bouffe de la journée, je ne ferai qu'en rêver de cette tartelette!

A l'arrache ce voyage, je vous le disais, et jusqu'au bout!

J'arriverai dans ce café trempé et frigorifié, les gens me regardant d'abord avec une certaine pitié, il faut bien le dire, puis avec un air méfiant, genre "c'est quoi ce malade?", quand je ferai l'éloge du temps pourri lors d'une balade à moto. L'éloge certes, mais je fus bien content de me caler à coté du feu pour me réchauffer les mains...tout de même!


13/08/14 -  13h25 (départ H+4h25):

Et puis, après quelques kilomètres de plaine, me voici à l'attaque de la route la plus haute d'Europe...




Cette ascension je vais donc la commencer dans la grisaille et sous une fine pluie...















Mais au fur et à mesure des kilomètres, Dame Nature va me faire un cadeau: le soleil va apparaître. Comme si après ces milliers de kilomètres, toutes ces aventures, tout ce froid, cette pluie, ce brouillard, cette fatigue, après tout ces grands moments d'euphorie et ces moments de petits doutes, j'avais gagné le droit de parcourir ce col mythique sous le soleil. Il ne faudra que le temps d'une pause sandwich pour que la route sèche...

L'ascension durera plus d'une heure, et les paysages seront, encore une fois, complètement irréels.








Et dans les derniers lacets de l'ascension, je me croirai presque dans un autre monde, avec dans mon champ de vision, la route, un environnement lunaire et le ciel. C'est tout. Rien à l'horizon, juste le ciel.



Un grand ciel bleu, mais aussi beaucoup, beaucoup de vent! La moto est secouée dans tout les sens, l'équilibre est précaire, et je suis bien content de voir enfin le sommet!


13/08/14 -  14h35 (départ H+5h35):

Une belle pose de conn*ard pour une ascension épique... mais moins que celle qui suivra, cette nuit!
Le vent sera tellement fort qu'il me sera impossible de prendre une série de photo afin de reconstituer un panorama...l'appareil bouge dans tout les sens, impossible de bien le tenir! Une fois la photo au sommet dans la boîte, je ne m'attarderai pas, ce vent est juste dingue et il est impossible de se poser tranquillement.



Je vais donc faire demi-tour, car je dois ensuite repartir en direction de l'Italie par deux autres cols...

Enfin , normalement.



Sauf que je ne vais pas pouvoir...c'est la gorge serrée et les yeux embués que je vais rejoindre la plaine.

En fait non, je ments. J'ai chialé comme un gamin.

Cela fait 3 semaines que je suis parti, seul, j'ai vécu une grande aventure dans des conditions pas possibles, et je viens de faire la route la plus haute d'Europe sous un grand soleil...tout un symbole. Un sentiment m'envahi alors, j'en ai fini. J'en ai assez. J'ai réussi. Je l'ai fait ce putain de tour des Alpes. Je suis vivant, la moto a tenu le coup, j'ai tenu le coup, et maintenant...

Je veux rentrer chez moi.

Oui, oui, comme Forrest...Je veux rentrer chez moi.

Je veux rentrer, je veux voir des gens, prendre un apéro déraisonnable avec des potes, dormir, faire la loque chez mes parents en défonçant tout ce qu'il y a dans le frigo.

Mais si mon tour des Alpes est alors fini, la journée, elle, ne fait que commencer!

Après avoir repris mes esprits je vais envoyer un petit SMS à mon pote qui devait m'héberger le lendemain, à Salernes, dans le Var. Il est 15h30, il n'y a que 3 petites heures de routes, et en plus en passant par les Gorges du Verdon...nickel!

Sauf que mon pote ne me répond pas. Je décide tout de même de partir sans attendre sa réponse. Au pire, s'il ne peut m'héberger ce soir, je devrais pouvoir me trouver un petit hôtel dans le coin.


13/08/14 -  16h (départ H+7h):

Et me voilà donc parti en direction des Gorges du Verdon! Les gorges du Verdon, j'avais eu l'occasion d'y passer l'année dernière...mais bordel de dieu, je crois que ce sont les routes les plus joueuses que j'ai jamais faites. J'y suis arrivé bien naze, mais, petit à petit, le plaisir énorme que procure ces routes de pur conn*rd me redonnera plein d'énergie! Vers 18 heures, n'ayant toujours pas de réponse de mon pote, je vais décider de me perdre un peu et de profiter tranquillement des ces routes de frappadouille et de ces paysages qui sentent bon le sud!

Je n'ai pas pris de photos, alors je vais résumer ces quelques heures de folie motardesque en repostant un vieux cliché de mon Tour de France...

Pas besoin d'en rajouter.

13/08/14 -  19h (départ H+10h):

N'ayant toujours pas de réponse de mon pote, je vais commencer à m'inquiéter un peu...je contacte donc sa femme sur Face de Bouc, qui me répondra assez vite: il ne capte pas à son boulot, et de la famille a débarqué à l'improviste chez eux, impossible de squatter! Argh!
Je me décide alors d'aller tout de même à Salernes, espérant pouvoir boire une bière en sa compagnie avant de trouver un hébergement...sauf qu'en arrivant à coté de Salernes, je n'ai toujours pas de réponse et mon téléphone va tomber en rade de batterie d'une minute à l'autre.

Bref...c'est la merde!

Deux solutions s'offrent alors à moi:

- Me trouver un hébergement, et finir cette dernière journée d'une manière assez décevante...sans voir personne, et en dormant encore une fois dans un hôtel à l'arrache.

Mouais, bof...

- Rentrer directement à Montpellier en me tapant le Mont Ventoux de nuit...

Voilà qui est bien plus enthousiasmant!

Enthousiasmant certes, mais n'étant pas non plus complétement inconscient, je sais que ce que je m'apprête à faire là n'est pas forcément la meilleure idée du siècle. Alors je vais m'imposer quelques règles:

- Jamais en ligne droite les 70km/h tu ne dépasseras.
- Toujours en virage une énorme marge de manœuvre tu garderas.
- Quand coup de fatigue tu auras, sur le bas coté tu dormiras.
- A chaque arrêt, étirements tu feras et eau tu boiras.
- Dès que l'occasion se présentera, café tu ingurgiteras.


13/08/14 -  20h (départ H+11h):

Après avoir philosophé un peu sur la vie en compagnie d'un gars tendance routard, dormant en prison, mais ayant des permissions de jour (une belle rencontre, sincèrement), je m’apprête à repartir. Je vais utiliser la fin de ma batterie de téléphone pour regarder le kilométrage exact jusqu'au Mont Ventoux: 180km. Soit, à 60km/h de moyenne, environ 3 heures...voir 4 avec les pauses. Tranquille!

Me voilà donc volant au-dessus des routes viroleuses du Vars, avec pour seule lumière les phares de mon tracteur, et juste accompagné par quelques renards et lapins dont je peux apercevoir les yeux brillants sur les bords de la route. (Note: une des grande déception de la journée sera que je n'ai pas réussi à en écraser un seul...pfffff).
J'ai toujours apprécié rouler de nuit, mais cette fois là, c'est vraiment un grand sentiment de plénitude que j'ai ressenti, on a vraiment l'impression de voler sur la route...et puis j'aime les défis! Tout ça a fait, que de fatigue, je ressentirai point!

J’enchaînerai doucement les kilomètres, le froid se fera de plus en plus sentir mais cela vivifie et permet de rester en alerte. Les routes tournicotent dans tout les sens, la conduite est donc sympa même avec le rythme d'invertébré arthritique que je me suis imposé.

Et puis clairement, je suis très fier de ma connerie! Parce que se dire que l'on va se taper le Mont Ventoux de nuit alors que cela fait presque 15 heures que l'on roule, c'est épique! Ça aide aussi à rester éveillé!


13/08/14 -  23h45 (départ H+14h45):

Tellement épique qu'il sera obligatoire de faire une petite pause de conn*rd pour immortaliser tout ça...

C'est qu'il est content de lui en plus...

Mais au Mont Ventoux je n'y suis pas encore...


14/08/14 -  00h15 (départ H+15h15):

J'arrive au dernier petit village avant le Mont Ventoux. Et par miracle, je vais trouver un bar encore ouvert ce qui me permettra de me taper une grosse binouze. J'en avais bien besoin avant l'ascension!

Non, je déconne...j'en suis resté à un grand café des plus salvateur.

Quelques minutes après, me voici donc sur les pentes du Ventoux. La route est large et dans un état impeccable, le début de l'ascension est tranquille. Puis le vent va commencé à devenir plus...présent.

Bien plus.

C'est alors que mes deux neurones flottant dans la mélasse fermentée qui me sert de cerveau vont se connecter.

Mont Ventoux > Ventoux > Vent. Beaucoup.

Oups...

Je n'avais pas pensé à ça.



Et le vent, il va effectivement souffler très fort. Mon tracteur fait de beaux écarts de 50cm, d'un coté ou de l'autre, selon le sens des rafales. Cela reste tout à fait gérable car, vu l'absence de circulation, je peux rouler en plein milieu de la route. Mais qui dit vent, dit aussi froid. Et je vais commencer à me les geler sévèrement.

Bref, je voulais un truc épique, je suis en train de l'avoir.

L'ascension devient tendue, et dans la toute dernière épingle, présentant un très fort denivelé, alors que je suis au ralenti pour la négocier, une énorme bourrasque fera chavirer la moto. Je vais la rattraper in-extremis, heureusement!
Et me voilà alors dans une grosse pente, à l'arrêt, avec un vent qui souffle dans tout les sens en même temps, les pieds fermement ancrés au sol.
L'obscurité est totale, je suis seul, il fait super froid, je n'ai plus de batterie sur mon téléphone. Bref, je suis un peu dans la merde s'il arrive quoi que ce soit à ma moto. (Note: c'est ma moman qui doit s'arracher les cheveux en lisant ça...Maman, bisou)

Je commence à vouloir redémarrer, mes pieds quittent le sol pour revenir sur les cales-pieds...oui...mais non...c'est juste impossible, la bécane chavire de nouveau et la chute est encore évitée de peu. Je vais alors repartir à la vitesse la plus basse possible tout en restant les pieds fermement en appuis sur le sol. A chaque bourrasque mes jambes doivent fournir un véritable effort pour maintenir la moto droite...mais ça y est, je suis au panneau marquant de le sommet!
J'essaie de bloquer mon appareil photo sur les poignées de ma moto et les protège-mains, et de faire mes réglages. Mes mains sont complètement congelées. C'est la lutte, mais je finis par y arriver...

Nous sommes le 14 Août 2014, il est 1 heure 43 minutes et 28 secondes, et voici la pose de connard la plus épique de ma vie pour conclure une formidable aventure de 3 semaines:

N'importe quoi.

Une fois la photo dans la boîte, je vais vite repartir. Le fameux dernier virage de la mort me donnera encore quelques sueurs, mais rapidement, au bout de 500m, je vais me retrouver à l'abri du vent, et une quinzaine de minutes plus tard, en approche de la plaine, la température redeviendra bien plus supportable.

Je vais ensuite rapidement rejoindre Avignon. A partir de là j'emprunterai des voies rapides éclairées. Peut-être, au final, la partie la plus stressante de la nuit, ayant particulièrement peur du coup de pompe soudain et des micros sommeils associés. En voiture c'est déjà très dangereux, alors en moto n'en parlons pas!


14/08/14 -  03h15 (départ H+18h15):

A partir de Nîmes, je vais emprunter l'autobeurk...la tête dans la bulle, les genoux écrasant le réservoir, en position super-kéké qui roule à 250 sauf que je n'ai pas dépassé les 110, je vais filer en direction de Saint Gêly du Fesc, en périphérie de Montpellier...

14/08/14 -  04h30 (départ H+19h30):

Et me voici alors arrivé, après une journée de près de 19h30! Une journée incroyable et folle pour finir un voyage qui le fut tout autant!

Je célébrerais tout ça par une longue danse de la victoire autour de ma moto ainsi que par quelques cris de panda hystérique, avant de m'enquiller deux grosses chopines de bière avec du Metallica dans les oreilles, et en dévorant ensuite quelques tartes flambées amoureusement préparées par ma Moman. J'ai aussi fait un génocide de Magnum...

Il est 6h30, je me couche, je souris, j'ai fini mon voyage.

C'était vraiment, vraiment n'importe quoi.

Je suis heureux.




(Note: encore un petit article, dans quelques temps, pour faire le bilan de tout cela, et il sera temps d'attaquer la préparation de mon prochain voyage...)


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jeudi 2 octobre 2014

Tour des Alpes... 19: Nostalgie, quand tu nous tiens...

Etape 19: Nostalgie, quand tu nous tiens

Aoste (Italie) - Claviere (Italie)



Grâce à ma petite rencontre de la veille qui m'aura fait un bien fou, je vais me lever avec une patate d'enfer! Et puis il faut dire qu'aujourd'hui, pour mon avant-dernière étape Alpine, je vais m'improviser un roadbook qui me fera passer par des cols super moches tels que l'Iseran ou le Galibier, cols que j'ai empruntés l'année dernière pendant mon Tour de France, mon premier grand voyage à moto! Cela aide aussi à avoir la patate!

Séquence nostalgie!

Et me voici sur la route en direction du Col du Petit Saint-Bernard. Mais avant d'y arriver je vais passer devant le Mont Blanc...



Il n'y a pas à dire c'est assez impressionnant...

Mais à cet instant je vais surtout penser à un de mes vieux pote qui, il y a à peine 2 ou 3 mois, est allé au sommet! Ce vieux pote, Max de son petit nom, il fut le batteur de mon groupe, quand, dans une autre vie, j'avais des oreilles normales, quoique déjà bien entamées...je vais alors repenser à toutes ces répètes dans la cave de mes parents ou dans des studios dédiés, toutes ces soirées, les enregistrements, tout ces concerts dans des patelins paumés devant 10 gars bourrés mais aussi dans de vrais salles face à des centaines de personnes. On était des gros bourrins à jouer du métal bien gras, on faisait n'importe quoi, et bordel, que c'était bon!
Grâce à lui, grâce à eux, j'ai accompli mes rêves de gamins et je peux vous dire que ce fut pour moi un véritable crève-cœur de devoir arrêter de faire ce qui me faisait vibrer en raison d'une audition qui était devenu totalement incompatible avec la pratique de la musique. Le début d'une période bien terne et amer...

Qui aurait alors imaginé que presque 10 ans plus tard je deviendrai bionique et entendrai à nouveau presque normalement? Qui aurait imaginé que je serai un motard? Qui aurait imaginé que je finirai par vibrer de nouveau? Qui aurait imaginé que Max deviendrai un trekkeur fou parcourant régulièrement des coins parmi les plus sauvages de la planète? Qui aurait imaginé que lors d'un roadtrip un peu dingue de plusieurs milliers de bornes en moto, je passerais devant le Mont-Blanc en en pensant à ce fou furieux de Max tout là-haut? Pas moi en tout cas! Quant à lui, il faudra que je lui pose la question! 

La vie nous réserve bien des surprises, non?

Des bonnes et pas mal de mauvaises...mais si les années de galères, d'amertume et de tristesse que j'ai connu quand mes oreilles m'ont définitivement lâchées étaient le prix à payer pour de nouveau avoir des rêves et avoir la force de les réaliser, le prix à payer pour apprécier la vie normale à sa juste valeur, alors je crois que même si j'en avais l'occasion, je ne changerais rien!

Suite à ces quelques pensées philosophiques (Note: comme quoi il m'arrive de penser...mais pas souvent, j'avoue), c'est avec un énorme, énorme, sourire aux lèvres que je vais repartir en direction du col du Petit Saint-Bernard...et en plus, il fait super beau! 

La journée commence bien, et elle sera magique!

Me voici donc en approche de ce col...



Il ne me faudra pas bien longtemps pour tomber sur des points de vues qui fracturent la rétine!











Il fait beau, il fait juste chaud comme il faut, j'ai une patate d'enfer, et c'est dans la joie et la totale bonne humeur que je vais multiplier les pauses photos!







Et au passage, me revoici de nouveau en France!


La descente sera tout aussi magnifique bien qu'un peu moins photogénique...







Un petit goût de paradis...à l'image de tout ce voyage.

Sur les coups de midi, je vais me diriger vers Val d'Isère...





Je vous déconseille très fortement d'aller faire vos courses là-bas! Tout est au double ou triple du prix normal. A tel point que je ne me prendrais rien à manger, déjà par principe, et ensuite parce q'un simple sandwich au jambon aurait totalement explosé mon budget bouffe de la journée! Pire qu'en Suisse! 

Une quarantaine de minutes plus tard, le temps d'avaler un café et de me reposer un peu, je partirais en direction du col de l'Iseran que j'ai déjà parcouru l'année dernière.




Peu à peu, je vais reconnaître certaines routes, et certains endroits bien précis, notamment ceux où j'ai pris des photos l'année dernière. Cela fait vraiment bizarre de se retrouver à nouveau ici, après une année encore riche en émotions suite à ma deuxième implantation, et surtout une année qui m'aura vu achever le changement radical de vie entamé suite à ma première opération...j'ai un peu le sentiment de boucler la boucle à ce moment là!


Même endroit et (presque) la même photo...

Celle-ci est par contre bien différente de celle de l'année dernière, absence de grand angle oblige...










Et puis fatalement, je vais repasser à l'endroit où j'avais pris la photo que j'ai posté dans le tout dernier article sur mon Tour de France...la "MEGA pose de connard" version "le destin, je le prends, je le retourne et je le fist". (Note: oui, oui, rien que ça...mais ce n'est pas de ma faute, c'est à cause de mes potes motards qui sont légèrement portés sur le sujet, les coquinous)

C'était tellement dingue pour moi l'année dernière de me retrouver là...mais ce qui est encore plus dingue, c'est que cette année je trouve ça toujours aussi dingue en fait!!
(Note: ça va? vous avez réussi à suivre cette phrase de...dingue?)


Cétait là, à quelques mètres près...

Me voici alors arrivé au sommet...le temps ce sera bien couvert pendant l'ascension, mais rien de bien méchant. Pour l'instant. Et puis j'aime bien les nuages, ça peut permettre de faire des photos avec un petit coté apocalyptique...



Me revoilà, un an plus tard!

L'année dernière, la descente de l'Iseran m'avait beaucoup marqué de par ses paysages incroyables, certes, mais aussi (surtout?) car j'avais cru y tomber en panne sèche!

Cette année, ce sera moins le stress!


Tranquille...





En bas de la descente, je retomberais sur coin que j'avais particulièrement aimé la dernière fois et où j'avais pu faire une photo sympa...j'aurais voulu la refaire, cette fois en shootant en RAW, c'est à dire en faisant correctement les choses...hélas, cette année il y avait des enfoirés de touristes...

Les voitures en fond ça le fait moyen! Dommage!

Avant d'attaquer le Galibier, je vais m'égarer un peu en direction du Col du Mont Cenis...petit détour qui m'aura permis de pourrir du kéké autrichien! Kéké que j'ai humilié en l'espace de quelques virages, et que je retrouverai en haut de ce petit col...
Suite à cette gentille petite arsouille, la conversation s'engagera rapidement. Un moment très sympa, surtout quand il fut couvert d'une honte éternel lorsqu'il comprit que mon tracteur rendait plus de 30 ch à sa bécane, mais que je l'ai pourri quand même.

Oui, je suis fier de moi.

Bref...


Y a un gars en Autriche qui se souviendra de moi. Longtemps. 


Je ferai ensuite demi-tour, direction le Galibier, via le petit col du Télégraphe!

Le Galibier, quand je l'ai fait l'année dernière, j'avais eu beaucoup de chance puisque j'étais passé entre les gouttes d'un bel orage. Je crois donc qu'il était écrit d'avance que cette fois, je le ferai sous un temps...j'allais dire de merde...mais en fait, un temps comme je les aime: pluie, froid, brouillard!

Wouhou! Wouhou!

Tout ce soleil cela commençait à être lassant, un peu d'aventure, que diable!


Il va donc commencer à pleuvoir à ce moment là...

Dans le col du Télégraphe, je n'aurai pas encore de brouillard...par contre il y a des travaux, et du rainurage partout. Avec la pluie, tout cela transforme la route en une véritable patinoire...peut-être le moment du voyage où j'ai le plus angoissé sur le risque de chute.




Fuck the rainurage!!




Il est 17h30, cela fait donc environ 8 à 9h que je roule, les conditions climatiques se dégradent encore, et j'ai le Galibier à franchir...bref, une fin de journée comme je les aime!

A l'attaaaaaaaaaque!!!








Passé le premier tiers de l'ascension, je vais me retrouver la tête dans les nuages....







Et puis, d'un coup, je vais finir par m'extraire de là...












Une ambiance indescriptible, des paysages de dingues, un des derniers grand col de mon voyage... un moment fort, tout simplement!

Au sommet, je croiserai deux petits jeunes en vélo avec sacoches et tout ce qu'il faut pour un roadtrip, les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres. Touchant! Des guerriers!

Je l'avais aussi, le sourire aux lèvres :)

Je vais alors profiter un peu du paysage, sous la pluie, et sous les yeux d'un couple de petit vieux enfermés dans leur voitures...ils ont du me prendre pour un fou à me voir me balader comme ça. Moi je trouvais que c'était eux les fous à tirer la gueule dans leur voiture sans jouir de ce cadre magnifique et unique!

Mais il est presque 19 heures, et il est temps de repartir...toujours avec une météo sympa!








Encore une journée de frappadouille! Et j'en serai doublement heureux sachant que c'est une des dernière!

La fin de l'étape consistera à rejoindre un petit refuge à Claviere, un petit village Italien non loin de Briançon. La météo restera capricieuse. J'arriverai vers 20 heures, bien cassé, dans ce truc un peu miteux tenu par deux jeunes gars un peu perché mais plutôt sympas.
Je vais avoir un peu du mal à trouver le sommeil...je réalise alors que le lendemain, ce sera ma dernière étape dans les Alpes...déjà.

Et qu'il ne me reste que 3 jours avant de finir le voyage...

Enfin ça, c'est ce qui était prévu à la base...

Car le lendemain, en plus de Mère Nature qui fera encore des siennes, rien ne se passera comme prévu!

Le lendemain ce sera...le Jour Le Plus Long! Avec 3 étapes en une, presque 20 heures de roulage...et un finish en forme de grand n'importe quoi ultime!


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