lundi 8 janvier 2018

Maroc 2017 - Etape 3 : Into The N'importe Quoi (Inch Allah Style)


Ifrane - Ait Ayach

11 octobre




La nuit fut courte, mes yeux collent, je peine à les ouvrir. J’attrape mon téléphone pour regarder l'heure, quand je découvre un message, le genre de message qui aide à se réveiller.

Non, pas ce genre de message, je vous vois venir bande de coquinous.

Ce - chaste - message il vient de David, le motard allemand que j'ai croisé sur le Ferry et avec lequel je suis en contact régulier, au cas où nous aurions l'opportunité de nous rejoindre pour faire un bout de route ensemble.

Il me disait en substance quelque chose comme : 

Hey !
Je vais faire le conn*rd dans le parc nationale d'Azigza, si jamais t'es dans le coin !

Blitzkrieg !!!

Ce n'était pas vraiment formulé comme cela, mais peu importe.

Bref...je lui répond :

Beuuuuuuarghhhh !

Cette simple onomatopée traduisant non seulement mon approbation, mais également mon contentement et ma motivation.

Hélas, de la journée, je n'ai plus eu de nouvelles de David. Ainsi, je ne n'ai pas fait le conn*rd.

Bouuuh.

Par contre, j'ai vraiment fait n'importe quoi.

Et bien comme il faut.



INTO THE N'IMPORTE QUOI
Le retour de la vengeance





Deux choix s'offrent à moi pour arriver à ce fameux parc : la route, ou les pistes.

Je vais bien évidemment me lancer sur les pistes, même si le parcours semble flou, et qu'après trois jours au Maroc, j'ai déjà compris qu'entre ce qu'il y a sur ma carte et la réalité, il y a "quelques" différences.

A moins que je ne sache pas lire une carte, ce qui n'est pas improbable.

Bref, donc de manière toute aussi évidente, ce parc d'Azigza je ne le verrais finalement jamais !

Mais trêve de circonvolutions temporelles dans mon récit, commençons pas le commencement. Car avant de rejoindre les pistes, faire n'importe quoi, et en rajouter une couche derrière, il faut faire des provisions. De nourriture, mais surtout, d'eau : avec des températures avoisinant les 35° à 40° depuis mon arrivée, tout problème de disponibilité d'eau pourrait vite tourner à l'épreuve pas véritablement indispensable.

*Ahem*

Vous la sentez venir la connerie ?


Me voici donc sur la route, pour rejoindre une station essence et tâcher de trouver de quoi me sustenter.











Quelques dizaines de minutes plus tard...

C'est pas le nouveau trois roues de chez Yamaha, ça ?










Un petit tour dans cette petite ville, et me voici non seulement avec à manger et de l'eau, mais aussi...

Des bières ! Deux !

Yeah.



Et pour finir, avant de passer aux choses sérieuses, le petit déj' !

Bordel, que c'était bon.



Je vais déguster ma Msemmens au miel en regardant les tajines pour les repas de midi en train de mijoter...


*bave*



La journée commence bien, avec un plan qui se déroule sans accroc, alors que j'ai déjà fait au moins dix kilomètres. 

Miracle.

Mais les choses vont rapidement se compliquer. Comme c'est étonnant.

Il est temps de rejoindre les pistes qui vont me mener vers le parc d'Azigza. Ou plutôt de tenter de les rejoindre. Pas une mince affaire pour quelqu'un dénué de tout sens de l'orientation et d'esprit logique.



Hum...non. Je le sens pas.



Non plus.



Mouais...



Là, potentiellement, peut-être que...






Quand, enfin, après une bonne heure et demie...

Me voici sur de belles pistes, tortueuses et joueuses comme il faut. La civilisation s'éloigne, les routes se font rares, les poteaux électriques et les maisons également. Les couleurs et la lumière sont uniques, et je parcours ces premiers véritables kilomètres de pistes marocaines avec un énorme sourire aux lèvres. Il est de nouveau là, ce sentiment de liberté que j'avais pu goûter lors de mes premiers jours en Islande !


Vroum.







Une bande d'asphalte viendra interrompre ce petit moment de magie...






Mais pas bien longtemps.

J'aperçois sur ma droite une piste qui grimpe sans ménagement vers les sommets. Un point de vue idéal pour une photo qui fera crever de jalousie les copains. Ou quelque chose comme ça.









Je l'avoue sans hypocrisie, j'étais fier de moi, j'étais content. je profitais du moment sans savoir que tel le poireau naïf que je suis, je me dirigeais droit vers...

Le grand n'importe quoi.


Toi, tu vas moins moins faire le fier dans peu de temps.



Car bien évidemment, une fois perché sur ma cime, il était hors de question de repartir sur la route sans aller explorer un peu les alentours. Et puis d'ailleurs, je vais être sage, à la première difficulté, je rebrousse chemin.


On y croit. Fort.



Pour l'instant, je continue sans encombre...










Et je continue à prendre de la hauteur...















A ce stade là, tout est parfait. Les pistes ne sont pas compliquées, je suis à l'aise sur ma moto, les paysages sont splendides et les grands sourires de ces bergers finissent de combler ce tableau idyllique !

Un petite pause pour faire quelques photos, je repars tout guilleret, et alors que je recroise ces bergers au somment d'une butte, je ne peux pas m'empêcher de faire le con et de les saluer. Sauf qu'avec tout cela, je n'avais pas vu la descente qui se présente maintenant à moi.

Une descente de conn*rd. Tout simplement.

Me voilà embarqué contre mon gré sur un tapis de cailloux, j'essaie de freiner de l'arrière, mais rien, aucune adhérence permettant de ralentir. Le frein avant ? Pareil, mais pire, l'ABS se déclenchant à la moindre pression sur le levier.


C'est la meeeeerde !


Je continue à prendre de la vitesse, je ne maîtrise plus grand chose rien, mais heureusement je peux apercevoir que cette descente est une longue ligne droite sans obstacles.

Enfin, à priori.

Il faut maintenant que la moto reste sur ses roues les deux ou trois cent mètres à venir ! Pas plus, mais surtout pas moins !

Alors je vais faire ce que mon expérience de ce genre de situation m'a appris :

Fermer les yeux, aller tout droit, et crier "Avéééééé Mariiiiiaaaaaaaaaaaaaaa".

Sauf que vu le contexte, j'ai remplacé par : "Inch Allaaaaaaaaaaaaaaaaah".






Oui, je le conçois, c'est une technique assez sommaire. Mais ça marche ! La pente finit par diminuer, les pierres sont moins nombreuses, je reprends de l'adhérence et je m'arrête.

Enfin.

Et je ne suis pas tombé !






C'est une bonne nouvelle. Mais il en est une moins bonne : c'est maintenant impossible de faire demi-tour, et je ne sais absolument pas ce qui m'attend derrière. En bonus, les bergers ont disparu. Et je ne suis pas persuadé de revoir une présence humaine rapidement vu la configuration de l'environnement.

Bref, c'est ce qu'on appelle un petit coup de tension.

Je reprends tout de même mon chemin sans trop d'appréhension, et du coup, puisque la chute n'est pas passé loin tout à l'heure, je me suis dis que cette fois, j'allais passé en plein de dedans.



Faut faire les choses jusqu'au bout.


C'est dans une montée qu'un excès de confiance et un petit manque de gaz vont m'envoyer tâter la poussière, heureusement presque à l'arrêt. De quoi apprécier l'utilité de la bagagerie souple, notamment à l'avant : la moto se couche comme sur un matelas, et en ressortira sans une égratignure.

Bon...

Ça, c'est fait.

Vient donc ce moment que j'adore particulièrement : celui où il va falloir décharger la moto, trouver un moyen de prendre de bons appuis pour avoir une chance d'arracher ces 250kg du sol sans se ruiner le dos, puis trouver un endroit où béquiller ce tracteur obèse, en montée, dans la terre, le sable et les cailloux, la sortir de là et enfin la recharger.

Tout ça avec 35°C à l'ombre, alors que de l'ombre, il n'y en pas. Parce que sinon, franchement, ce ne serait pas marrant.

Autant vous dire que j'en ai un peu chier...


Mais pas trop.


Essoufflé, en nage, et alors que je cherche de l'eau, je me rends compte de quelque chose de potentiellement dommageable : j'ai perdu une gourde d'un litre et demi. Très certainement dans la descente de la mort, qui est bien loin maintenant.

Aie...

Mais je n'en tiens pas vraiment compte, il me reste presque quatre litres. Même avec cette chaleur cela devrait suffire pour rejoindre la civilisation qui de toute façon n'est pas bien loin.

Après un redémarrage en côte laborieux, j'arrive à hisser mon enclume préférée jusqu'au sommet de cette butte. Pour découvrir que la suite ne sera pas moins compliquée...



Heu...elle est où la piste ?

Pas moins compliqué, mais pas moins belle non plus.

Car si le stress est présent, et bien présent, les fabuleux paysages le sont aussi !





Mais au-delà du stress et de la beauté des paysages, c'est le défi physique et mentale qui prend le pas sur mes émotions. Si je sors de là sans bobos et sans casse, je sais que j'aurais vécu un de ces moments qui vous laisse des souvenirs pleins la tête, et aide à glorifier votre ego en étant source d'histoires à raconter pour briller en société !

Ou passer pour un abruti irresponsable. Au choix.

Au fur et à mesure que je progresse, la piste devient de plus en plus compliquée. Ajouter à cela que ma petite chute à passablement entamé la confiance, et j'en oublie alors toute notion de style dans ma conduite...






Le cul sur la selle, les deux pieds sortis, un seul but : ne pas tomber.





Evidemment les photos ne me rendent pas justice, ne révélant pas toute la difficulté de ces chemins. Je tiens à préciser que ceci n'est pas une excuse de mauvais foie pour me dédouaner de mon incompétence ! C'était vraiment tendu !

Et alors que dans un excès de confiance - encore ! - je pensais que j'allais m'en sortir plus facilement que ce que j'aurais pu croire...

Me revoilà par terre.

Pas de photo cette fois, car en plus de la chute apparaît devant moi une piste, ou plutôt ce qu'il en reste, qui semble presque impraticable - ou du moins c'est ce que je croyais, de récents orages ayant notamment tracé de longues et larges saignées longitudinales. 
De manière plus imagée, c'est la merde, et j'ai autre chose à penser que de prendre une photo de ma moto qui mange encore la poussière.

La pente est très abrupte et je suis déjà bien content, après quelques efforts hulkiens, de voir la moto tenir sur sa béquille.






Moi, par contre, je vais m’asseoir un peu.

Je suis complètement trempé, j'ai le dos qui tire, j'ai chaud, et je commence à être cramé physiquement. Et pourtant, il va me falloir descendre, et remonter, à pied pour voir comment se présente les choses. Si je peux éviter quelques portions délicates en sortant de ce qui fut peut-être autre fois une vraie piste, il reste un passage où le seul chemin possible est une bande de terre de vingt centimètres large à la perpendiculaire de la piste, et donnant assez vite sur un ravin.

Heu...

Je ne sais pas si vous pouvez visualiser le truc, mais à ce moment là, une phrase tourne en boucle dans ma tête :

"Nan, mais ça passera pas là...ça va pas le faire !"

Et bien si, ça l'a fait !

Cerise sur le gâteau, la piste va redevenir un peu plus conventionnelle à peine quelques centaines de mètres plus loin et les habitations font leurs réapparitions.






Victoire !

Les efforts et la chaleur m'ont coupé l'appétit, mais je me force à ingurgiter quelques barres de céréales. Assis sur pierre, je vais ensuite fumer ma cigarette, les yeux dans le vague, un sourire niais sur mon visage, celui du grand gamin fier de lui, fier de s'être dépassé, fier d'être passé !

.



Mais la journée n'est pas fini. Elle ne fait même que commencer, ou presque. En revanche, j'ai abandonné l'idée de rouler avec David, n'ayant toujours pas de nouvelles et ne sachant moi-même pas trop où je suis. Ce ne sera que partie remise !

Il est tôt, à peine 15h, et si je suis fatigué je n'ai pas envie non plus de prendre le chemin le plus direct pour arriver à la destination que je me suis fixé, Midelt. Je vais donc avoir une idée lumineuse : lancer un trajet sur mon GPS en route "sinueuses", option routes revêtues.

Sauf que l'on est au Maroc, et que le concept même de route revêtues est assez vague, même pour un GPS !

Pour l'instant, tout va bien...


On remarque tout de même qu'ici, le terme "route", peut paraître un tantinet galvaudé.



Hum...






















Une petite pluie fine fait son apparition, mon organisme souffre un peu, mais la "route" vaut vraiment le détour ! Reste à profiter tranquillement des quelques dizaines de kilomètres qu'il me reste avant d'arriver à destination.

Une fin de journée parfaite, pour une journée parfaite.





















Sauf que cela va (encore) se compliquer un peu...

J'entre dans une zone montagneuse, et la route n'en est définitivement plus une.





Reste une terre qui se fera de plus en plus ocre sous le crachin qui tombe de façon régulière. De plus en plus ocre, mais aussi de plus en plus glissante, sans compter les petites coulées de boue dans les épingles et autres joyeusetés du même acabit.

J'ai du mal à rester debout sur ma moto. J'ai mal aux pieds, mal au dos, mal aux jambes.

Bref, cela commence à être la lutte.

J'ai besoin d'une pause, besoin de voir où est exactement la civilisation, et besoin de boire.


Ho, du goudron !







Sauf que, de l'eau, il n'en reste qu'une petite gorgée. Le reste de mon stock, cette satanée gourde que j'ai perdu ce matin, trône quelque part dans la descente de la mort.

Le GPS m'indique soixante deux kilomètres, avant de rejoindre une vraie voie de circulation, avant de rejoindre la civilisation.

Soixante. Deux.

Avec le soleil qui disparaîtra dans à peine plus d'une heure.

Ho, punaise.

Je garde bien sûr en tête le fait de faire du camping sauvage, mes deux bières pourrait suffire à mon hydratation. Quoique je n'en suis pas si sûr... De plus, camper dans le coin ne me semble pas une idée formidable, surtout avec le ciel qui se couvre.
Alors je repars, et la piste qui serpente dans la montagne, va devenir de plus en plus humide, de plus en plus caillouteuse, de plus en plus étroite et de plus en plus défoncée.

Les kilomètres défilent lentement, j'essaie de me reposer au maximum en restant sur la selle, mais la conduite debout reste plus sécurisante la plupart du temps. Mes jambes ont la tonicité du carton en plus de me faire souffrir comme si j'avais deux cents ans, mes lombaires vont rendre l'âme, et un requiem résonne au fond de mon petit corps meurtri pour dire adieu à mes trapèzes et mes avant-bras.  

J'admets, dans ce précédent paragraphe, une légère tendance à l’exagération mais vous avez saisi l'idée générale.

Et j'ai soif ! Bien heureusement, la température est maintenant suffisamment basse pour que j'en vienne à m'équiper d'un pull et d'un tour de cou...

Une dernière pause, pour une dernière photo.


Je ne m'arrêterais plus, mon cerveau a enclenché le mode automatique pour mettre en sourdine les tiraillements du corps et la fatigue de l'esprit.

Il fait maintenant complètement nuit...

Je compte chaque kilomètre.

Trente...

Vingt...

Quinze...

Dix...

Une barrière psychologique est maintenant franchie, et devant mon écran qui m'indique une distance à un seul chiffre, le cadavre de méduse qui me sert de cerveau va générer quelques impulsions me redonnant un peu d'énergie. Mais alors que le GPS m'indique encore mille cinq mètres avant le prochain croisement, qui pourrait marquer la fin de cette piste qui n'en finit justement plus, il faut que je m'arrête.

Je le dois. 






Je descends comme je peux de la moto, et instantanément me voilà avec pleins d'étoiles dans les yeux, je ne vois plus rien et manque de tomber dans les pommes l'espace d'une seconde.

C'est là qu'on se rend compte que l'on fait peut-être un peu n'importe quoi. Vraiment n'importe quoi.

Vient ensuite un spasme qui aurait pu me faire vomir si j'avais mangé autre chose que des quelques barres de céréales. Plus que l'eau en elle-même ou la faim, je pense ce sont alors les sels minéraux qui manquent, étant donné les hectolitres de sueur visqueuse et collante que j'ai pu perdre aujourd'hui.

Je mange tout de même un peu, bien difficilement, et brûle un cierge pour que le prochain carrefour marque réellement le retour au bitume, car je ne ferai pas un kilomètre de plus dans la terre ce soir.

Je souffle un grand coup, remonte bien péniblement sur mon tracteur qui me parait de plus en plus haut et de plus en plus lourd, et me voici donc à ce fameux croisement...

C'est bien une route qui se présente devant moi.






Cela reste une toute petite route de campagne, mais elle me mènera en une vingtaine de minutes vers une grosse voie équivalente à une départementale française. A ce carrefour, je gare la moto et je m'écroule.

Je suis atomisé, il faut que m'assoie, que je fume. Et il faudrait surtout que je boive !

Assis sur la chaussée, la clope au bec, le filet de bave qui coule entre les dents, mes yeux hagards se baladent dans l'obscurité jusqu'à apercevoir une voiture, garée, dont seul l'habitacle est éclairé. J'y vois deux hommes buvant très certainement une bière en discutant tranquillement.

Je me lève, et tel un zombie me dirige vers eux dans l'espoir de leur soutirer un peu..

D'eau.

Il me faut tomber bien bas pour préférer l'eau aux bières que j'ai dans mes sacoches. Mais il ne serait pas bien raisonnable de les boire si je veux rejoindre le prochain hôtel à dix kilomètres de là.
Parce que, oui, vu mon état, vu l'heure, vu ce que j'ai fait de ma journée, et vu le peu qu'il me reste à faire, il me parait totalement pertinent de vouloir de dormir confortablement ce soir ! C'est peut-être pas très aventurier mais j'assume parfaitement ce côté de ma personnalité et de mon être que l'on peut caractériser par l'expression :

Grosse loutre.



Voilà, comme ça. En moins mignon.


Les deux gentlemens buveurs de bières me donneront alors une bouteille d'eau que je vais boire doucement avant de prendre mon courage à deux mains, et de repartir en direction de Midelt. Rapidement, je trouve un hôtel fort respectable, et me traîne jusque dans une grande chambre, presque incapable de décoller les pieds du sol.

Il est plus de 21 heures.

J'enlève mon armure, mon équipement semble peser une tonne. Je me jette sur un matelas, roule péniblement vers une de mes sacoches et en extirpe les deux bières dégotées ce matin.

Je l'ai bien mérité, il est temps de m'ouvrir ces deux foutues bières ! Et de me refaire le film de la journée...

Une journée comme j'aimerais les éviter, mais une journée comme je les aime, avouons-le. Surtout une journée comme je les aime, en fait.
Une journée où par delà la découverte et les fractures multiples de rétines induites par les grands espaces, on va voir ce qu'on a dans le ventre. Et où la fierté de l'épreuve surmontée, la fierté de faire et d'être capable - souvent contre toutes (ses) attentes, vous remplit d'une énergie formidable.

Une journée où l'on se sent vivre, tout simplement.

L'intense fatigue physique et mentale ne me permettra pas de trouver le sommeil. Encore une courte nuit. Une de plus en ces terres marocaines.
Il faut dire que le ciel est bien sombre sur la plaine aride de ma vie personnelle et que mon esprit à peur des orages qui se profilent...

Ho bordel...


Si peu. Si peu.

Bref, pour résumé je cogite sévèrement. Mais en même temps, le voyage en solitaire n'est-il pas aussi une excuse pour se retrouver face à soi même ? Pour faire le bilan du temps passé, qui nous aidera à donner à notre existence un autre sens, une autre direction, si jamais il en était besoin. Une excuse pour faire le bilan de qui on est, et qui on aimerait être.

Après la poésie, la psychanalyse. Je suis chaud.

Et dans cette perspective, cette journée fournit un bon matériel d'analyse. Je suis allé, encore une fois, titiller mes propres limites, et même peut-être plus, avec un mélange de candeur, de naïveté, d'inconscience et de n'importe quoi, qui me caractérise plutôt bien. Et encore une fois, je m'en sors sans véritable encombre, plein d'une confiance durement acquise, plein de joie, de sourire et de souvenirs. Mais jusqu'à quand ? Car j'ai bien conscience que dans ce type de situation, mon inexpérience pourrait tout faire basculer, même si je ne peux pas m'empêcher d'y plonger. Il suffirait d'un rien pour que le tableau s'assombrisse significativement...

Au final, je vais m'endormir en ressassant la seule pensée qui vaille en de telles circonstances :

C'est passé, c'était beau !

Pour cette fois.

A suivre...








5 commentaires:

  1. L'attente était longue pour ce troisième épisode, mais qu'il est bon à lire.
    Et qu'attendre sinon: LA SUITE!!!!
    Bonne année et la réussite de tous tes projets.
    Philippe

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  2. Meilleurs vieux pour cette nouvelle année camarade!

    Merci pour cet article, c'est toujours aussi prenant de te lire ��

    Je me suis bien retrouvé quand tu as parlé de ton introspection du voyage en solitaire. Ces sacrés moments de solitude quand il t'arrive une merde mais que tu as aussi ce sourire niais au possible du travail (presque) bien fait.

    La suite, la suite, la suite!

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  3. Bravo Steve, tous nos vœux, on adore te suivre, vivement la suite.
    Jack
    V

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  4. Ahhh le voilà enfin ce 3ème volet tant attendu ^^ toujours autant de plaisir à te lire entre les textes et les photos on a presque l'impression d'y être !!

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  5. Un réel plaisir de lire ton récit et de beaux souvenirs qui rejaillissent. J'aime tant ce pays et cette légendaire hospitalité marocaine qu'on en arriverait à vouloir se perdre pour être recueilli ou hébergé par la population.
    Merci à toi

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