jeudi 28 juillet 2016

Ré-Activation


Mettez à l’abri vos grand-mères, éloignez les bébés des congélateurs, et surtout, surtout, planquez bien vos bières…

Je suis revenu !

Un peu comme ça, mais en plus gras.

Mais comme dans toute bonne série moderne qui se respecte, faisons un petit flash-back.

Nous sommes début Novembre 2015, je suis revenu d’Islande il y a deux mois et après une période de boulot complètement folle où je n’ai quasiment pas mis les pieds chez moi, week-end compris, je reprends à nouveau mon tracteur.

Pour aller bosser à Cahors, certes, mais tout de même. On ne va pas bouder son plaisir.

Après une belle journée de balade, un cours donné à des étudiants en audioprothèse pour leur causer un peu des oreilles bioniques, et un retour sur Bordeaux tout aussi plaisant…je gare ma moto. Et c’est alors que les emmerdes du Motard Bionique vont réellement commencer.

Voilà mon tracteur qui dégueule du liquide de refroidissement par tous les trous possibles !

Beurk.

Analyse faite de la situation avec quelques copains plus ou moins experts en mécanique, recoupée avec ma « noyade » en Islande et mes problèmes de voyant de pression d’huile (A la recherche du Précieux / L'étrange histoire du voyant de pression d'huile), nous tablons alors sur un joint de culasse qui se meurt.

Ne me demandez pas ce qu’est le joint de culasse, en fait, je n'en sais rien, mais j’ai appris que sans ça, il ne vaut mieux pas rouler ! C’est le principale ! Et le changer coûte (très) cher, cela a aussi son importance ! Et c'est dans ce genre de paragraphe que l'on voit que j'aime les points d'exclamations ! Alors j'en rajoute un !

Bref…je divague.

De toute façon c’est l’hiver. Et suis littéralement happé par mes nouvelles fonctions. Quoi de plus naturel d’ailleurs ? Comment ne pas s’investir à fond pour aider les gens qui sont passés par les chemins tortueux du handicap auditif, les mêmes que ceux que je n'ai que trop bien connus ? Comment aussi ne pas se donner de plus en plus quand on obtient la reconnaissance des patients, des équipes médicales, des collègues, de son boss ? Et puis tout est nouveau, je n'arrive pas à faire la part des choses, à ménager ma vie personnelle, à prendre du recul...

Alors le Motard Bionique va doucement se mettre en hibernation, seul l'écriture des articles sur l'Islande lui permettant de ne pas tomber en état de mort cérébrale.

Quoique pour cela, il faut déjà avoir un cerveau. 

Note : on remarquera que je cause de moi à la troisième personne du singulier. Mon côté mégalomane. Il assume totalement.

Un emploi du temps chargé ras la gueule, de bonnes et moins bonnes excuses pour ne pas s’occuper du tracteur, l’envie, aussi, de faire des projets à deux…et le temps passe.

La moto me manque cruellement, de plus en plus, à mesure que je me rends compte qui si mon poste d’ingénieur clinique en oreille bionique est un job de rêve, il génère aussi une pression et une fatigue qui m’étaient inconnues jusqu’alors, et que j’ai du mal à contenir par moment quand il s'agit de retourner à ma vie personnelle.

Les semaines passent donc, la météo est dégueulasse, mon tracteur agonise sur ma terrasse, j’ai la tête dans le guidon. Professionnellement mais aussi à un niveau plus personnel même si cela n'ai pas évident : les concerts s’enchaînent comme si de rien était – ce qui pour un sourd est assez extraordinaire vous en conviendrez aisément, les soirées, les petits week-ends en couple, et enfin un grand voyage, à deux. Une vraie aventure cela aussi !

Oui mais voilà, le Motard Bionique, dans tout cela, n’a plus vraiment le temps d’exister et c’est ainsi une partie de moi qui se sent un peu perdue. Car il m’aura fallu cela, ces quelques mois sans mettre mon casque et mes gants, pour vraiment saisir que la moto est essentielle dans ma vie. Il m'aura fallu cela pour vraiment comprendre une chose : je suis un motard. 

J’ai ça dans le sang, j’en ai besoin.

Le temps continue de filer à une vitesse incroyable, et nous voilà alors fin Mai : j’ai alors définitivement fini de payer mon tracteur, ma fidèle Versys. Je vais donc pouvoir, maintenant, là, tourner une page. C'est maintenant possible.

Certes, la Versys est réparable, mais j’ai fini par me convaincre – peut-être à tort, qu’elle sera à présent un nid à emmerdes vu ce qu’elle a subit.

Alors je vais craquer.

J’en rêve depuis que j’ai mon permis, j'en rêve à chaque fois que j'en vois une…me voilà lancer dans les démarches pour m’offrir :

Une grosse moto de conn*rd.

Tout simplement.

Plusieurs copains voyageurs m’ont bien dit que cela ne servait à rien, qu’une petite moto rustique serait beaucoup plus à même de m’emmener loin facilement sans avoir à vendre mes derniers organes et à m’endetter jusqu’à ma retraite.

Et je leur donne entièrement raison.

Mais la raison, elle, n’a pas grand-chose à voir là-dedans !

Quelques semaines et beaucoup de questionnements plus tard notamment pour savoir qui du trail type avion de chasse sportif bourré d'électronique ou de la grosse sauterelle sobre – tout est relatif – et passe partout pourrait le mieux me correspondre, me voilà à Limoges à la porte de la concession locale d'un célèbre fabricant japonais.

Nous sommes le 6 Juillet, et je vais prendre possession de la deuxième moto de ma vie. Certains farceurs diront que c'est ma première vraie moto tout court, je les vois venir !

Ho qu'il est content! Brave bête!

Un petit sentiment de culpabilité me traverse. Culpabilité envers ma Versys avec qui j’ai vécu tellement de choses…j’aimais tant aussi ce côté « je fais n’importe quoi avec ma petite moto ». Elle n’avait pas grand-chose à faire dans les cailloux et encore moins dans les rivières, mais elle a tenu le coup, et s’est pliée à chacunes de mes facéties. 
Mais il est temps de tourner une page, tout comme j’ai tourné - encore - une page de ma vie cette année en changeant radicalement mon orientation professionnelle, et par la même occasion, ma vie.

Et puis de toute façon, il reviendra d’entre les morts mon tracteur, je n’en doute pas.

Ceci dit, pour l’instant faisons place…à la grosse sauterelle !





Un peu obèse même, ma Sauterelle…et encore, là, elle n’est  pas équipée.

Depuis, j’ai fait 1300 bornes à son guidon, dont une magnifique balade dans le Pays Basque (photos disponibles sur ma page Facebook. Elle attends maintenant sa révision post-rodage.

Elle attend aussi ses pneus à tétines, ses crash-bars et son sabot moteur.

Et oui…car dans quelques jours, je pars. Ho, rien de bien folichon, rien de bien sexy. Rien qui n’attirera les sponsors ou les magazines. D’autant plus, qu’en fait, je ne sais même pas où je pars, ni même exactement quand et combien de temps !

Enfin si, un peu, quand même. Faut pas exagérer. Pas trop.

Trois caleçons, 3 paires de chaussettes, 2 t-shirts, une tente, mon appareil photo et deux ou trois autres conneries…tout ça dans mes valises, et je prendrai la direction du désert des Bardenas en Espagne. 

crédit photo : ebmphoto.com (Google)

Ensuite ? Je ne sais pas trop…la Catalogne peut-être, un saut au Portugal ?

La seule chose que je sais c’est que je vais tâcher de me laisser porter sur les nombreuses pistes de la péninsule ibérique, sans but ou défi du type « Tour de … ».

Je pars simplement. Tout simplement.

Quelques jours, à  l’arrache vraiment totale - décidément, c’est de pire en pire chaque année, avec une machine que je ne connais absolument pas, dans des lieux non définis, sans plan de route, sans savoir où dormir, sans pression, sans ordinateur, sans obligations.

Et ça aussi, c’est l’aventure !

A suivre...



2 commentaires:

  1. Le désert des bardenas c'est juste sublime j'ai hâte de voir tes photos qui seront sans doute mieux que les miennes
    Bonne route

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  2. très joli périple...
    moi je pars dans 1 semaine et demie pour un périple de 10 jours dans le nord de l’Italie et ses lacs jusqu'à Trieste via Venise..

    bon voyage

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