Ait Ayach - Er Rachidia
12 octobre
Aïe.
Aïe.
Aïeuuuuh.
J'ai beau être matinal...
J'ai mal. |
Il faut dire que quand on se met à faire n'importe quoi - Into The N'importe Quoi (Inch Allah Style) - alors que sa condition physique est proche de celle d'un gastéropode arthritique, il n'est pas étonnant que l'on en paie le prix fort le lendemain.
Je suis donc perclus de courbatures, et surtout, mon dos est en miette. Et je le connais ce dos, quand il est dans cet état, un rien pourrait le bloquer pendant dix jours. Cela m'est déjà arrivé en écrivant un SMS ou en passant l'aspirateur. En conséquence, si je n'ai pas arrêté les SMS, j'évite l'aspirateur.
Ça va, il y a de la marge. |
Avec toutes ces conneries, je vais quitter mon hôtel fort tard, sur les coups de onze heures. Direction Midelt, la ville toute proche, puis peut-être le cirque de Jaffar. Enfin c'est ce qui était plus ou moi prévu à la base, mais vu mon état, et étant donné que la piste en question est apparemment assez ardue, je peux légitimement me poser quelques questions.
On verra bien.
On verra bien.
Je démarre la moto, et me voici pour l'instant sur la route...
Vroum. |
Et je rejoins rapidement Midelt.
Comme à l'accoutumé dans ces petites villes marocaines, c'est le bordel ! J'esquive vite les routes principales où la mort nous guette à chaque carrefour...
J'admets exagérer un peu, mais je ne suis absolument pas à l'aise dans ce tourbillon de véhicules circulant avec une logique que j'ai du mal à saisir, d'autant plus que je ne peux entendre les klaxons. Et le klaxon, ils aiment bien ça au Maroc !
Je finis par trouver une rue au calme pour poser la moto, et me voici parti en balade pour digérer mon petit déjeuné.
Beurp.
Rapidement, je tombe sur un petit garage où deux allemands font réparer leurs tanks. La situation à l'air délicate pour l'un deux, la tension est un peu palpable, et je sens que ce n'est pas trop le moment de discuter...
C'est alors que mon guide du jour va m'aborder...
Comme beaucoup de ces marocains qui m'abordent, il a quelque chose à me vendre : de beaux cristaux qui sont un peu la spécialité locale.
Je décline poliment, n'ayant de toute façon pas de monnaie sur moi. Mais comme souvent, ce n'est pas parce que je ne vais rien lui acheter qu'il s'en ira. Bien au contraire ! La discussion s'engage sur les teutons qui galèrent à côté, d'où je viens, pourquoi je voyage seul, sur lui, sur la région et pourquoi on y trouve autant ce genre de pierres. Et il va me conseiller sur les endroits à voir dans le coin.
Le cirque de Jaffar ? Très beau, mais effectivement assez délicat d'accès.
Alors il va m'orienter vers une piste à l'opposée, pour aller voir des montagnes qui apparemment valent le coup d’œil. C'est de la piste, mais propre, et ce n'est pas très loin...
Il m'a convaincu, ce sera donc mon expédition du jour !
Merci mec ! |
Après quelques nouveaux coups de tensions pour m'extirper du chaos routier urbain, me voici lancé dans la bonne direction.
Enfin je crois...
On est jamais trop sûr avec ceux qui sont dans ma tête.
Très rapidement, les paysages changent et les couleurs de ces vastes étendues deviennent un peu irréelles : rouge, orange, vert, parfois avec quelques touchent de bleu. Mon guide ne m'avait pas menti, ce détour en vaut déjà la peine !
Les grands espaces vont progressivement laisser la place à de petits canyons. Et la route, elle, va laisser la place à une piste plaisante tout en étant facile. Enfin je dis cela, mais les mêmes pistes à l'époque de mon voyage en Islande m'auraient rendu dingues en me donnant l'impression d'être un aventurier !
Comme quoi, on peut dire ce que l'on veut, je progresse !
Il faut aussi avouer qu'après les quelques sessions pyrénéennes et ardéchoises que je me suis infligé cette année, couplées à ce que je me suis tapé hier, la notion de "piste difficile" a depuis quelques temps était repoussée significativement...
Bref...
C'est aujourd'hui exactement ce qu'il me fallait !
A la sortie du canyon, voilà maintenant très certainement la montagne dont le guide m'a parlé, avec ses strates colorées du plus bel effet.
Alors que je prends quelques photos, un homme s'approche de moi.
Lui aussi me propose quelques jolis cailloux. Etant presque sur ses terres, je lui en aurais bien pris une si j'avais quelques billets. Hélas, ce ne sera pas possible.
Il ne parle pas français, juste quelques mots, mais reste avec moi, alors que je contemple le paysage. J'essaye d'engager un peu l'échange, en lui faisant comprendre que je trouve cet endroit vraiment majestueux. Et il l'est !
Puis m'invite chez lui boire le thé...je pense qu'il aurait été injurieux de ne pas accepter !
Et me voici quelques secondes plus tard dans le salon de sa petite maison en terre ocre. Quelques grands tapis, des coussins pour s'asseoir, une petite table basse en métal et en bois. La pièce est sombre et fraîche, une seule petite fenêtre occulté par un rideau dansant avec le vent laissant passer la lumière.
Hakim, puisque c'est son nom, me présente alors sa femme et son fils, dont le regard écarquillé et définitivement bloqué sur mon crâne ne laisse pas de doute : "mais c'est quoi ces trucs sur sa tête à lui ?"
Nous essayons d'échanger un peu mais le français d'Hakim est très limité et mon marocain est inexistant. Ceci dit on peut toujours se faire comprendre ! C'est alors que sa femme ramène donc le thé à la menthe. Le fameux thé à la menthe du Maroc.
C'est alors qu'Hakim me demandera, dans la seule phrase complète en français qu'il formulera devant moi :
"Vous voulez un peu de whisky berbère ?"
Et moi, j'aurais tellement voulu répondre :
"Juste un doigt".
La prochaine fois, je lui ramène le DVD. |
Mais pourquoi "whisky berbère" ?
C'est avec de grands signes qu'il m'expliquera que ce nom vient tout simplement du fait que le thé ainsi préparé est très, très fort. Tout simplement !
Après deux petits verres de cette fabuleuse boisson, bien qu'un peu agressive pour l'estomac, d'où son surnom, il sera temps pour moi de repartir. Hakim et son fils me raccompagneront jusqu'à la moto, avant d'échanger un "au revoir" assez chaleureux !
Le chemin du retour se fera à bon rythme, mais je vais tout de même m'arrêter en raison de quelques douleurs d'estomac. Je dirais même des crampes...
Douleurs qu'à la base j'attribuerais au fameux whisky berbère sauf que la suite du voyage me prouvera que le mal est un peu plus profond que cela...
Bref, à partir de maintenant ça va être le désordre à l'intérieur, pour rester poli.
L'imodium, cet ami pour la vie. |
Mais pour l'instant, tout est sous contrôle.
Après avoir évolué dans des paysages qui m'auront fait croire que je suis le fils caché d'Indiana Jones et de Mad Max - la médecine fait des miracles de nos jours, me voici de retour à la civilisation, où je vais pouvoir admirer ce qu'on pourrait appeler des...
Mécanos de l'extrême ! |
Là encore, Mad Max n'est pas loin... |
Pour ne pas faire de jalouse, ma sauterelle obèse aura aussi droit à sa photo...
Un petit tour dans les rues aux alentours...
Et il sera temps de reprendre la route, la vraie...
Avec, encore et toujours, des paysages moches.
Dur. |
Jusqu'à que le Maroc de carte postale fasse son apparition : celui des grandes étendues désertiques parsemées de palmiers ! Peut-être pas le Maroc que j'ai préféré mais celui qu'il faut voir malgré tout !
Et c'est d'ailleurs à ce moment là que je vais croiser mes premiers cars de touristes, et les premières têtes européennes du voyage.
En plus des touristes, c'est aussi la pluie qui se manifestera, et me poussera à tracer assez rapidement vers mon point de chute du soir : un "camping" dans la ville de Er Rachidia. De toute manière, il est déjà plus de 17h, et le soleil commence déjà à se coucher.
Un dernier ravitaillement en ville, l'occasion encore de profiter de cette ambiance qui me plaît tant. C'est difficile à faire passer en photo, mais je me sens loin, loin de mes bases, loin de tout ce que j'ai connu, et cela fait un bien fou !
Le camping en question sera bien un "camping" avec les guillemets, puisque je poserais ma tente dans la coure d'une Kasbah. Pas l'endroit le plus bucolique que j'ai connu, mais cela conviendra parfaitement pour la soirée !
Après quelques sodas partagés avec des jeunes du coins et le tenancier de l'endroit, je m'en irais me faire ma popote et écouter un peu de musique qui fait du bruit. Je ne sais pas si je dois préciser que ce soir là, je vais devoir me refaire trois fois des pâtes, ayant eu la fâcheuse manie de répandre mes deux premières fournées par terre en essayant de les égoutter.
Quand on a pas de cerveau, on a pas de cerveau.
Mon scan pré-implantation. |
Il faut dire que le sommeil qui me fuit depuis le début du voyage n'aide pas, et ceci commence à plomber sérieusement mon état général et ma concentration - on se cherche les excuses qu'on peut. Mais je ne peux hélas pas y faire grand chose...
Ainsi va se clore une journée de voyage tranquille, où j'aurais pu faire une rencontre assez inoubliable autour de mon premier thé marocain, profiter de paysages sublimes, de pistes agréables, de cette ambiance indescriptible qui se fait sentir à chaque coin de rue, sans pour autant faire n'importe quoi, sans rien casser et sans rien perdre !
Et bordel, c'est mon sixième jour de voyage, et je n'ai toujours pas perdu mon téléphone !!
Miracle !
Tout va bien !
Très suspect... |
Je vous rassure tout de suite, cela ne durera pas.
Mais cela dit, avant de tout casser ou presque, ce sont les dunes du mythique Sahara qui m'attendent dès le lendemain !
A suivre...
C'est bon de te lire. Le bonhomme n'avait pas l'air en grande forme pour ce quatrième jour.
RépondreSupprimerDans quel état est il le cinquième ?
Enfin la suite, merci.
RépondreSupprimerQuelque soit le choix de la route, le principal est la découverte. Le cirque de Jaffar n'a pas un accès compliqué. La piste est très accessible, et la sortie également. Tu as pris une autre route qui s'est également avérée superbe.
L'équilibre est maintenu, c'est ce qui est important.
Philippe