dimanche 20 mars 2016

Tour d'Islande...19 - Il était une fin.


Iles Féroé - Maison

Samedi 15 - Jeudi 21 Août


Un voyant de pression d'huile qui fait n'importe quoi, un voyant de température définitivement mort, un voyant de clignotant qui clignote deux fois plus vite que la normale, Casper - mon tableau de bord  - qui devient de plus en plus fantomatique, une surpression d'huile qui a peut-être abîmé le joint de culasse...

Bref, j'ai fait prendre un bain à ma moto il y a 2 jours. 

Elle en souffre de plus en plus, et la lente mais implacable agonie a commencé.

C'est pourtant comme cela que je vais aborder la dernière ligne droite de mon voyage : deux jours de balade dans les îles Féroé, un ferry, et environ 2200 km d'autoroute à me farcir en trois étapes.

Autant vous dire que ce matin là, quand j'ai posé mon fessier mou sur la selle de mon tracteur, j'ai eu comme un doute. Un gros doute. Au bout de quelques kilomètres, si l'écran d'informations de mon tableau de bord à définitivement pris des vacances, la moto, elle, roule toujours.

C'est un bon point. En plus il fait beau. Hi, ha.

C'est donc parti pour une grande balade dans les îles Féroé. Enfin, "grande", c'est relatif, puisque les deux points les plus éloignés de cet archipel ne sont distants que d'une centaine de kilomètres!


C'est parti, et on va croiser les doigts pour que le moteur n'explose pas en route...







Autant vous dire que, d'aventures, ici, il n'y aura point. A part le fait de rouler sans indicateur de vitesse et de carburant.
Mon Tour d'Islande est fini, et les Féroé vont finalement servir de piste d'atterrissage psychologique permettant d'adoucir la transition entre mes deux semaines de grand n'importe quoi, et les trois jours de retour via les autobeurk.




La lumière est vraiment spéciale, les couleurs sont pâles et vives à la fois, les étendues immenses se répètent, là où l'Islande offrait très souvent des environnements pouvant changer du tout au tout en quelques kilomètres.

C'est reposant, c'est beau, une transition parfaite avant le retour à une vie normale.

Il était un peuuuu-ti naviiiiir-euuuuuuh.





Ces îles sont tellement petites qu'une grosse journée de moto pourrait suffire à emprunter les moindres kilomètres du réseau routier. 

Alors, j'ai le temps.

J'ai ce temps qui m'a un peu manqué en Islande, je dois l'avouer. 










J'ai du temps, mais parcourir des routes "normales" me rend aussi nostalgique, déjà. Les pistes me manquent, les rivières me manquent, l'incertitude me manque.

Enfin en partie, parce que la moto tire la gueule et que je ne sais pas si c'est juste le tableau de bord qui déconne, ou si le mal est plus profond: niveau incertitude, cela se pose quand même bien là. Mais je vais rapidement avoir un début de réponse - voir plus bas.

Pour l'instant, ça roule, elle roule, et la balade continue...
























Les paysages sont très redondants, mais peu importe. Ces kilomètres ne sont que du bonus. Je m'arrête souvent, je flâne, je me refais le film de mon voyage.


Et je prends des bateaux en photo.


Les kilomètres se succèdent...







Quand je vais arriver "au bout".

Je suis parti de l’extrême sud-ouest, me voici (presque) à l’extrême nord-est.











Et puis je vais me rentrer...une fois arrivé au camping, je vais rester un moment à contempler l'océan, les yeux dans le vague et la bière à la main - et en profiter pour faire une petite pose de conn*rd. 


Ça sent la fin d'une grande aventure...

Le lendemain, je vais remettre ça, en attendant l'embarquement sur le Ferry en fin d'après-midi.

















Lors de cette pause sur une petite colline, je vais en profiter pour un peu faire le tour du tracteur et bidouiller le tableau de bord afin de permettre à toute l'eau qui y stagne de s'évaporer. Vaine tentative - et pas la première depuis que j'ai pris mon bain dans la rivière de la mort - qui va me permettre de remarquer un "petit" détail...je n'ai plus de liquide de refroidissement. 

Mon tracteur a toujours eu tendance à en perdre un peu, mais le réservoir était plein il y a trois jours de cela. A l'époque, je ne savais pas ce que cela impliquait. A l'heure où j'écris ces lignes, je sais...je sais que c'était bien le signe que mes problèmes n'étaient pas juste une histoire de tableau de bord baignant dans de la flotte, mais bien un problème de joint de culasse.

Mais passons ce menu détail...l'inconscience a du bon, car si j'avais su cela à l'époque, je crois que je ne serai pas rentré en tracteur. Alors que finalement cela a tenu le coup, pendant un temps du moins...

Je vais donc faire une halte dans une petite échoppe pour en acheter un bidon. Bon, je ne détaillerais pas le fait que je me suis d'abord trompé, et que j'ai failli remplir ce réservoir avec du lave-glace.

Gné.

Heureusement que j'ai un bon odorat et que j'ai eu la conscience d'esprit de me dire qu'un liquide refroidissement qui sent le détergent, ce n'est pas normal!

Boulet un jour, boulet toujours.







Peu après, il sera l'heure...

L'heure de faire demi-tour, et de rentrer à la maison.

Arrivé au port, je vais retomber sur Dominique, que j'avais croisé à l'embarquement en Islande...nous allons boire un verre et allons entamer la conversation avec trois vikings fous furieux!

Ah, je me rappelle de cette photo où l'un deux, sur une Ténéré 660, avait de l'eau au dessus de la selle lors d'une traversée de rivière! Enfin, le terme exact serait "lors d'une tentative de traversée"! Et ils se marraient tous comme des cons inconscients...autant vous dire que je me suis tout de suite senti à l'aise! 
Et cet autre Viking, aventurier (presque) professionnel, qui me racontera un périple autour de la Norvège et de la Suède: 5 kilomètres en 7 jours, par les pistes, chemins et petites routes réalisé en partenariat avec un fabricant chinois de moto! Un dingue qui a un site internet où il présente ses aventures faisant penser un peu à "Man Vs Wild" en version mécanique, dont je ne retrouve hélas pas le lien! En tout cas, c'était un tout autre niveau que le poireau bionique!

Une super rencontre, gentiment arrosée!


Les Viking furieux!

Et puis il sera temps d'embarquer, une dernière fois...


Le voyage va vite se passer...une bière avec Dominique, un rapide repas avec un des viking, un peu de travail sur mes photos, et me voici déjà sur les quais du port d'Hirtschals au Danemark. Sans GPS, et sans sens de l'orientation, il va m'être un peu difficile de me lancer sur la bonne voie. Mais une fois fait le voyage se passera sans encombres.

N'ayant pas d'informations sur ma vitesse, je vais resté calé en 6ème avec la poignée de vitesse à peine tournée. Tant mieux, car mes pneus sont rincés, et il va falloir les économiser si je veux pouvoir rentrer sans avoir à en changer en cours de route. Et puis le tracteur bouffe du liquide de refroidissement à une vitesse assez étrange - aujourd'hui, je dirais plus "inquiétante", mais j'étais plein de candeur à l'époque.

Le soir du premier jour, et ne pouvant conduire de nuit puisque mes phares ne sont alors plus fonctionnels - oui, oui, ça commence à faire beaucoup! - je vais passer la nuit sur une aire d'autoroute.

Enfin, je veux dire, je vais camper sur l'aire d'autoroute! Juste à côté du parking réservé à nos gentils amis les camionneurs!

N'importe quoi.

A la première heure me voilà reparti en direction de Reims histoire de prendre l'apéro avec mes potes pour lesquels je m'étais improvisé photographe de mariage à l'aller. Evidemment, le réveil le lendemain va être un peu difficile!

Et nous voilà alors au dernier jour...

Ce dernier jour se passera aussi sans encombres, excepté mon passage à coté de Paris, où sous la pluie mes pneus dans un état plus que limite vont me faire de belles frayeurs dans les voies d'insertions et les échangeurs.

Me voilà à 300 kilomètres de chez moi. Rien comparé à tous les kilomètres avalés ces 30 derniers jours...Et pourtant ils vont être terriblement difficiles. 

Ça y est, l'esprit craque, le physique s'effondre et ce dernier bout de route va être une épreuve...mes muscles vont se tétaniser en quelques kilomètres, et les larmes vont couler sur mes joues dans un mélange de tristesse et de joie assez étrange, comme j'en ai connu lors de chacun de mes voyages.

Impossible de m'arrêter et de faire une pause. Déjà car il faut que j'arrive avant la nuit, et surtout car à ce moment là, j'ai l'impression que si je descends du tracteur, je ne vais pas réussir à y remonter.

Et puis voilà...

Trois bonnes heures plus tard, je suis devant mon portail blanc.

Ma compagne m'attend, ma vie m'attend, d'autres aventures m'attendent. Celle d'une vie à deux commencée à peine quelques semaines avant mon départ avec ma manieuse de pelle adorée, celle d'un nouveau travail qui est pour moi devenu un vrai sacerdoce, une vraie mission - mais ça j'y reviendrais peut-être. 

C'est aussi ça le plaisir du voyage: rentrer, goûter aux joies et aux défis du quotidien, évoluer, apprendre, repartir, etc...

Pour moi, il n'y a pas de voyage sans retour. 

Plus de six mois après, me voilà à écrire ces dernières lignes. Et c'est difficile.

Je crois qu'au fond de moi, cet article je ne voulais pas le boucler, car il marque la fin, définitive. La fin d'une aventure humaine et "motardesque" commencée il y a déjà un an, que j'ai vécu, et que je revis à chaque fois que j'en écris un nouveau chapitre. Une aventure faite de soutiens, de rencontres, de petites victoires et de grand n'importe quoi.

Mes récits sont finis, le joint de culasse du tracteur à lâcher suite à une ultime balade, et mon vaillant destrier dort maintenant sous sa bâche depuis plus de 4 mois en attendant que je puisse le réparer. Cela ne saurait tarder, mais il est temps de lui trouver une grande sœur. 

Tout un symbole car il est aussi temps pour moi de tourner la page de ce voyage, de ces voyages, qui m'auront amener à traverser la France (Tour de France 2013), l'Europe (Tour des Alpes 2014) et donc, l'Islande. Voyages qui auront été un formidable parallèle avec mon voyage du retour vers l'audition et la reprise en main de ma vie suite à mes deux premières implantations cochléaires - Novembre 2012 et 2013 - et les opportunités qui en ont découlé avec notamment un nouveau travail dans le domaine des oreilles bioniques depuis Mai dernier.

Je cherche une belle phrase pour essayer de conclure tout ça, mais je n'y arrive pas, et en est-il vraiment besoin? Je crois que j'ai juste envie de vous écrire un seul dernier mot...


Merci.


Et à bientôt ;)








3 commentaires:

  1. Bordel ... comme tu dis ça fait bizarre de lire la fin. Vraiment désolé pour ton tracteur. Après avoir tant partager ensembles ça doit faire mal.
    Aller vivement une prochaine aventure !!!

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  2. je viens de passer l'aprem à lire cette aventure! C'est juste génial ! Ca donne envie de rouler loin, très loin. Ca donne envie de s'offrir et d'offrir à sa bécane une vraie vie d'aventure! (plus loin que les balades du dimanche et les trajets vers le boulot...). Un grand merci pour ce réçit et j'ai déjà hâte de lire les prochaines aventures !

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