mercredi 23 septembre 2015

Tour d'Islande...7: Mets de l'huile


Landmannalaugar - Reykjavík 

Lundi 3 Août



Ouais, "mets de l'huile" comme chantait Regg'Lyss en un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Ils ne pas loupent grand-chose sur ce coup là.


Argh, un truc de hippies. Sudiste en plus.

De l'huile, je vais donc en mettre, et en mettre partout! 

Mais pas tout de suite.

Après avoir festoyé la veille sous le soleil dit "de minuit" jusqu'à onze heures du soir au moins (les grands fous), et après une bonne nuit de sommeil, il est d'abord temps d'émerger et de sortir de ma tente. Je suis bien au Landmannalaugar, Max et Damien sont là, Christelle aussi. Ce n'était pas un rêve. 

Enfin ils sont là, oui et non. Car pour se mettre en jambes les deux abrutis ont décidé d'aller au sommet d'un truc genre cratère. Enfin, une sorte de colline qui avec une pente de 50%, minimum.

Ils sont fous.

Normal, c'est mes copains.

La fameuse montagne que je n'ai pas prise en photo hier est ce matin totalement à contre-jour, donc je ne tenterai même pas d'en faire un cliché. A la place, quelques photos du camping.

Quelle chance vous avez.

Ceci dit, j'ai déjà vu des campings plus moches.

Mon petit chez moi.

Je recharge le matos sur la moto, nous nous faisons tous pleins de bisous sur les fesses, et repartons chacun de notre côté. Max et Damien vont continuer leur pèlerinage (qui leur fera faire 400km au total!!), Christelle restera une journée de plus dans ce refuge, et moi je vais...heu...bah je sais pas trop en fait, mais j'y vais!

D'ailleurs il est plus que temps, car à force de se faire des léchouilles, nous n'avons pas vu le temps passer et il est plus de dix heures et demi.

Un dernier petit tour aux abords du camping...








Et me voilà reparti, direction Reykjavík afin notamment de faire contrôler la moto qui commence à en avoir besoin. Besoin qui va très rapidement devenir une nécessité absolue...

Je vais donc m'engager sur la piste qui part vers le Nord.









Et si elle va commencer comme celles de la veille, c'est à dire un peu piégeuse mais sans être bien méchante, cela va vite changer. Et voilà que je vais affronter durant quinze kilomètres moults virages, dénivelés, cailloux, sable, trous, et toujours ces horribles bosses qui donnent la sensations de rouler sur de la tôle ondulée...une vraie saloperie ces machins.
Je suis on ne peut plus crispé sur ma machine, et je souffre physiquement : je sue comme un goret, le souffle est court les cuisses font mal, les avant-bras aussi. Mais tout cela n'aurait été finalement que pur plaisir masochiste si...je n'étais pas en train de fusiller mes suspensions. Suspensions qui, pour rappel, suintent de l'huile depuis quelques jours.

Je ne suis donc pas franchement serein. Voir carrément inquiet.

Illustration: Botan-a-becance.fr

Inquiétude qui fera que je vais enfiler les kilomètres sans vraiment prendre de photos. Il faut dire qu'après ma journée d'hier où l'appareil à frôler la fusion nucléaire, j'ai aussi envie de rouler sans contraintes. 

Mais ce que je vais avoir le plus à l'esprit pendant ces quelques kilomètres, c'est bien ça:

"Cette fois, tu es vraiment en train de bousiller ton tank".

On peut même dire que là, j'étais en train de l'achever. Bon, ce n'est pas pour ça que j'y suis allé plus doucement. Mais plus doucement, je ne sais pas si cela aurait été faisable. A moins d'y aller en la poussant peut-être. Et encore.

Bref...c'est donc avec un soulagement certain que je vais rejoindre une vraie route. Je me pose, je suis lessivé, complètement. Note pour plus tard: va falloir diminuer la clope et me remettre au sport...



Un peu comme ça. Sauf que moi je n'ai pas eu de médaille. C'est pas juste.

Il va être ensuite temps de faire le tour de la moto, et de constater les dégâts engendrés par cette intense chevauchée:

* 1 chaussure perdue (Oui...faut pas chercher à comprendre)
* 1 ampoule de feu de croisement morte
* 1 support de caméra explosé
* 1 caméra qui repose en paix quelque part dans les cailloux (enfin, c'est ce que je croyais)
* 1 embout de Jerrycan disparu
* 2 joints spis atomisés

Revenons donc sur ce dernier point. Je le redoutais, je savais que cela finirait par arriver: mes fourches ne suintent plus de l'huile...

Elles dégueulent du gras.

C'est. La. Merde.

Et bien sûr, l'huile a dégouliné sur mes plaquettes de freins. Alors autant vous dire qu'à cet instant, mes freins, ils sont pour le moins spongieux. Je le dis souvent, quitte à faire n'importe quoi, autant y aller à fond. La bonne nouvelle, c'est que je suis à peine à 250km kilomètres de Reykjavík, et que je sais exactement où faire réparer tout ce bazar. De toute façon, d'après mes renseignements, je n'ai pas trop le choix du garagiste!

Je vais donc être assez content que les paysages traversés sur ces quelques kilomètres soient assez monotones, n'incitant pas à d'incessantes pauses photos. Et pour la première fois depuis que je suis en Islande, je vais donc parcourir plus de 20 kilomètres sans m'arrêter! Pour la première fois aussi, je ne vais pas être subjugué par les paysages ou l'ambiance. C'est charmant, c'est même franchement beau, mais ce n'est pas extraordinaire et surtout, comme dit juste avant, ce n'est pas très varié. Pour enfoncer le clou, il va souvent être très délicat de s'arrêter à cause d’accotements fort pentus... Alors je vais rouler!



Je vais tout de même avoir droit à quelques panoramas sympathiquement grandioses...et bien différents de ce que j'ai vu les jours précédents.






Je vais arriver aux abords de Reykjavic vers 16h30. Il est un peu tard pour trouver le garage, surtout qu'il faut que je puisse me connecter à internet pour le localiser. Et en plus on est lundi...bien qu'en fait je ne sais absolument pas si les magasins sont fermés le lundi comme en France.

Devant tant d'incertitudes, je vais m'improviser un dernier petit tour dans le parc naturel tout proche.

J'irais au garage demain.

Oui, oui, ma fourche est H.S, mes freins sont morts, mais on s'en fout...Cela sent quand même un peu la grosse connerie tout ça, et je vais bien passer quinze minutes au bord de la route à me demander si c'est bien raisonnable.

Cela ne l'est pas. Très clairement. 

Là où je me suis dit que ce n'était pas raisonnable.

Mais si j'étais raisonnable, ça se saurait.

Me voilà donc reparti!

Et pour en rajouter une couche, au bout de quelques kilomètres, je vais m'attaquer à une sorte de petite colline présentant certainement la pente la plus raide que j'ai jamais négociée avec mon tracteur!
Tout cela commence à ressembler à l'introduction d'un nouvel épisode "Trop de photo tue la moto". Je vais donc redoublé de vigilance, et m'en sortir sans encombres. Pour une fois.


Et ça valait le coup.

Un petit détour au final bien agréable, avec des paysages qui comme toujours fracturent les rétines, et, pour la première fois depuis le début du voyage, une vraie petite route à conn*rd bourrée de virolos.






Mais si je ne suis pas raisonnable, je possède tout de même un minimum d'instinct de survie. Et donc vu l'état de la moto, je ne vais pas jouer. Il faudra encore attendre un peu pour pourrir du motard islandais, espèce assez répandu aux abords de Reykjavík...Ils s'en sortent bien les bougres.

Après ce petit tour improvisé, j'arrive dans la capitale sur les coups de 19h. Je vais errer un peu, fort contrarier tout de même car je sens que ce petit séjour, qui pourrait bien durer, va me coûter du temps et un rein. Rein que j'ai déjà vendu au moins trois fois depuis que j'ai ma moto et que je fais des voyage.

Bref...

Totalement par hasard je vais tomber sur une guest-house. J'ai envie de me poser, ce sera de toute façon moins cher qu'un hôtel tout en étant proche du centre, le tout avec un vrai wi-fi qui va me permettre de bien localiser le garage moto où je compte aller.

Le propriétaire est français, et ça se voit...

Sans le béret....mais d'une extrême gentillesse.

Nous discutons alors un peu de mon voyage en solitaire, de mon problème mécanique, de mon goût prononcé à me foutre dans des situations gentiment merdiques, et aussi du fait que mon budget est assez serré.
Et c'est alors qu'il va me proposer un lit dans un genre de débarras. Pour combien? et bien gratuitement! La seule contre-partie, prendre et payer le petit-déjeuner!

Adjuger, vendu!

Un bon plan qui fera grand plaisir, tant pour les finances que pour le geste en lui même. Geste dont je me souviendrai comme un des grands moment du voyage! Mais le plus important est ailleurs. Car pour couronner le tout, le patron m'offrira une vraie bière, ma première depuis mon arrivée en Islande! Oui, une vraie bière avec plus de 2° d'alcool dedans!

WOUUUUUUUUUUUUUUUUUUHHHHHH!!!!
Une bière en appelant logiquement une autre, je vais ensuite aller faire un tour en ville me trouver un petit bar sympa où je discuterai avec quelques autochtones avinés...
Outre le fait que les rencontres font parti des meilleures moments d'un voyage, ce petit interlude modérément éthylique m'aidera à faire abstraction des deux petites questions qui me hantent depuis maintenant quelques heures:

1) Vais-je pouvoir faire réparer ma moto?

2) Dans quels délais?

3) Vais-je devoir kidnapper quelques bébés potelés ou riche héritière pour pouvoir payer tout ça?

Le premier qui me sort qu'il y a trois questions et pas deux aura droit à un coup de pelle rouillée!

A suivre...





2 commentaires:

  1. Euh....sinon....si je peux me permettre...il n'y a pas deux questions mais trois ;-D
    Vivement la suite !

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  2. A quand le "Tour d'Islande....8" ?? C'est fou ce manque de respect du lecteur, on est obligé d'attendre pour pouvoir lire avec délectation (comprendre rire, stress, soulagement et multiples pertes de rétines).

    PS : J'ai beau compter et recompter je ne vois que deux questions...!!

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