dimanche 20 mars 2016

Tour d'Islande...19 - Il était une fin.


Iles Féroé - Maison

Samedi 15 - Jeudi 21 Août


Un voyant de pression d'huile qui fait n'importe quoi, un voyant de température définitivement mort, un voyant de clignotant qui clignote deux fois plus vite que la normale, Casper - mon tableau de bord  - qui devient de plus en plus fantomatique, une surpression d'huile qui a peut-être abîmé le joint de culasse...

Bref, j'ai fait prendre un bain à ma moto il y a 2 jours. 

Elle en souffre de plus en plus, et la lente mais implacable agonie a commencé.

C'est pourtant comme cela que je vais aborder la dernière ligne droite de mon voyage : deux jours de balade dans les îles Féroé, un ferry, et environ 2200 km d'autoroute à me farcir en trois étapes.

Autant vous dire que ce matin là, quand j'ai posé mon fessier mou sur la selle de mon tracteur, j'ai eu comme un doute. Un gros doute. Au bout de quelques kilomètres, si l'écran d'informations de mon tableau de bord à définitivement pris des vacances, la moto, elle, roule toujours.

C'est un bon point. En plus il fait beau. Hi, ha.

C'est donc parti pour une grande balade dans les îles Féroé. Enfin, "grande", c'est relatif, puisque les deux points les plus éloignés de cet archipel ne sont distants que d'une centaine de kilomètres!


C'est parti, et on va croiser les doigts pour que le moteur n'explose pas en route...







Autant vous dire que, d'aventures, ici, il n'y aura point. A part le fait de rouler sans indicateur de vitesse et de carburant.
Mon Tour d'Islande est fini, et les Féroé vont finalement servir de piste d'atterrissage psychologique permettant d'adoucir la transition entre mes deux semaines de grand n'importe quoi, et les trois jours de retour via les autobeurk.




La lumière est vraiment spéciale, les couleurs sont pâles et vives à la fois, les étendues immenses se répètent, là où l'Islande offrait très souvent des environnements pouvant changer du tout au tout en quelques kilomètres.

C'est reposant, c'est beau, une transition parfaite avant le retour à une vie normale.

Il était un peuuuu-ti naviiiiir-euuuuuuh.





Ces îles sont tellement petites qu'une grosse journée de moto pourrait suffire à emprunter les moindres kilomètres du réseau routier. 

Alors, j'ai le temps.

J'ai ce temps qui m'a un peu manqué en Islande, je dois l'avouer. 










J'ai du temps, mais parcourir des routes "normales" me rend aussi nostalgique, déjà. Les pistes me manquent, les rivières me manquent, l'incertitude me manque.

Enfin en partie, parce que la moto tire la gueule et que je ne sais pas si c'est juste le tableau de bord qui déconne, ou si le mal est plus profond: niveau incertitude, cela se pose quand même bien là. Mais je vais rapidement avoir un début de réponse - voir plus bas.

Pour l'instant, ça roule, elle roule, et la balade continue...
























Les paysages sont très redondants, mais peu importe. Ces kilomètres ne sont que du bonus. Je m'arrête souvent, je flâne, je me refais le film de mon voyage.


Et je prends des bateaux en photo.


Les kilomètres se succèdent...







Quand je vais arriver "au bout".

Je suis parti de l’extrême sud-ouest, me voici (presque) à l’extrême nord-est.











Et puis je vais me rentrer...une fois arrivé au camping, je vais rester un moment à contempler l'océan, les yeux dans le vague et la bière à la main - et en profiter pour faire une petite pose de conn*rd. 


Ça sent la fin d'une grande aventure...

Le lendemain, je vais remettre ça, en attendant l'embarquement sur le Ferry en fin d'après-midi.

















Lors de cette pause sur une petite colline, je vais en profiter pour un peu faire le tour du tracteur et bidouiller le tableau de bord afin de permettre à toute l'eau qui y stagne de s'évaporer. Vaine tentative - et pas la première depuis que j'ai pris mon bain dans la rivière de la mort - qui va me permettre de remarquer un "petit" détail...je n'ai plus de liquide de refroidissement. 

Mon tracteur a toujours eu tendance à en perdre un peu, mais le réservoir était plein il y a trois jours de cela. A l'époque, je ne savais pas ce que cela impliquait. A l'heure où j'écris ces lignes, je sais...je sais que c'était bien le signe que mes problèmes n'étaient pas juste une histoire de tableau de bord baignant dans de la flotte, mais bien un problème de joint de culasse.

Mais passons ce menu détail...l'inconscience a du bon, car si j'avais su cela à l'époque, je crois que je ne serai pas rentré en tracteur. Alors que finalement cela a tenu le coup, pendant un temps du moins...

Je vais donc faire une halte dans une petite échoppe pour en acheter un bidon. Bon, je ne détaillerais pas le fait que je me suis d'abord trompé, et que j'ai failli remplir ce réservoir avec du lave-glace.

Gné.

Heureusement que j'ai un bon odorat et que j'ai eu la conscience d'esprit de me dire qu'un liquide refroidissement qui sent le détergent, ce n'est pas normal!

Boulet un jour, boulet toujours.







Peu après, il sera l'heure...

L'heure de faire demi-tour, et de rentrer à la maison.

Arrivé au port, je vais retomber sur Dominique, que j'avais croisé à l'embarquement en Islande...nous allons boire un verre et allons entamer la conversation avec trois vikings fous furieux!

Ah, je me rappelle de cette photo où l'un deux, sur une Ténéré 660, avait de l'eau au dessus de la selle lors d'une traversée de rivière! Enfin, le terme exact serait "lors d'une tentative de traversée"! Et ils se marraient tous comme des cons inconscients...autant vous dire que je me suis tout de suite senti à l'aise! 
Et cet autre Viking, aventurier (presque) professionnel, qui me racontera un périple autour de la Norvège et de la Suède: 5 kilomètres en 7 jours, par les pistes, chemins et petites routes réalisé en partenariat avec un fabricant chinois de moto! Un dingue qui a un site internet où il présente ses aventures faisant penser un peu à "Man Vs Wild" en version mécanique, dont je ne retrouve hélas pas le lien! En tout cas, c'était un tout autre niveau que le poireau bionique!

Une super rencontre, gentiment arrosée!


Les Viking furieux!

Et puis il sera temps d'embarquer, une dernière fois...


Le voyage va vite se passer...une bière avec Dominique, un rapide repas avec un des viking, un peu de travail sur mes photos, et me voici déjà sur les quais du port d'Hirtschals au Danemark. Sans GPS, et sans sens de l'orientation, il va m'être un peu difficile de me lancer sur la bonne voie. Mais une fois fait le voyage se passera sans encombres.

N'ayant pas d'informations sur ma vitesse, je vais resté calé en 6ème avec la poignée de vitesse à peine tournée. Tant mieux, car mes pneus sont rincés, et il va falloir les économiser si je veux pouvoir rentrer sans avoir à en changer en cours de route. Et puis le tracteur bouffe du liquide de refroidissement à une vitesse assez étrange - aujourd'hui, je dirais plus "inquiétante", mais j'étais plein de candeur à l'époque.

Le soir du premier jour, et ne pouvant conduire de nuit puisque mes phares ne sont alors plus fonctionnels - oui, oui, ça commence à faire beaucoup! - je vais passer la nuit sur une aire d'autoroute.

Enfin, je veux dire, je vais camper sur l'aire d'autoroute! Juste à côté du parking réservé à nos gentils amis les camionneurs!

N'importe quoi.

A la première heure me voilà reparti en direction de Reims histoire de prendre l'apéro avec mes potes pour lesquels je m'étais improvisé photographe de mariage à l'aller. Evidemment, le réveil le lendemain va être un peu difficile!

Et nous voilà alors au dernier jour...

Ce dernier jour se passera aussi sans encombres, excepté mon passage à coté de Paris, où sous la pluie mes pneus dans un état plus que limite vont me faire de belles frayeurs dans les voies d'insertions et les échangeurs.

Me voilà à 300 kilomètres de chez moi. Rien comparé à tous les kilomètres avalés ces 30 derniers jours...Et pourtant ils vont être terriblement difficiles. 

Ça y est, l'esprit craque, le physique s'effondre et ce dernier bout de route va être une épreuve...mes muscles vont se tétaniser en quelques kilomètres, et les larmes vont couler sur mes joues dans un mélange de tristesse et de joie assez étrange, comme j'en ai connu lors de chacun de mes voyages.

Impossible de m'arrêter et de faire une pause. Déjà car il faut que j'arrive avant la nuit, et surtout car à ce moment là, j'ai l'impression que si je descends du tracteur, je ne vais pas réussir à y remonter.

Et puis voilà...

Trois bonnes heures plus tard, je suis devant mon portail blanc.

Ma compagne m'attend, ma vie m'attend, d'autres aventures m'attendent. Celle d'une vie à deux commencée à peine quelques semaines avant mon départ avec ma manieuse de pelle adorée, celle d'un nouveau travail qui est pour moi devenu un vrai sacerdoce, une vraie mission - mais ça j'y reviendrais peut-être. 

C'est aussi ça le plaisir du voyage: rentrer, goûter aux joies et aux défis du quotidien, évoluer, apprendre, repartir, etc...

Pour moi, il n'y a pas de voyage sans retour. 

Plus de six mois après, me voilà à écrire ces dernières lignes. Et c'est difficile.

Je crois qu'au fond de moi, cet article je ne voulais pas le boucler, car il marque la fin, définitive. La fin d'une aventure humaine et "motardesque" commencée il y a déjà un an, que j'ai vécu, et que je revis à chaque fois que j'en écris un nouveau chapitre. Une aventure faite de soutiens, de rencontres, de petites victoires et de grand n'importe quoi.

Mes récits sont finis, le joint de culasse du tracteur à lâcher suite à une ultime balade, et mon vaillant destrier dort maintenant sous sa bâche depuis plus de 4 mois en attendant que je puisse le réparer. Cela ne saurait tarder, mais il est temps de lui trouver une grande sœur. 

Tout un symbole car il est aussi temps pour moi de tourner la page de ce voyage, de ces voyages, qui m'auront amener à traverser la France (Tour de France 2013), l'Europe (Tour des Alpes 2014) et donc, l'Islande. Voyages qui auront été un formidable parallèle avec mon voyage du retour vers l'audition et la reprise en main de ma vie suite à mes deux premières implantations cochléaires - Novembre 2012 et 2013 - et les opportunités qui en ont découlé avec notamment un nouveau travail dans le domaine des oreilles bioniques depuis Mai dernier.

Je cherche une belle phrase pour essayer de conclure tout ça, mais je n'y arrive pas, et en est-il vraiment besoin? Je crois que j'ai juste envie de vous écrire un seul dernier mot...


Merci.


Et à bientôt ;)








jeudi 10 mars 2016

VIDEO - Un jour en Islande...



Aujourd'hui, exceptionnellement, je vais la faire courte...

Chose promise, chose due, voici la vidéo de la journée où Christelle et moi avons affronté, et vaincu, la rivière de la mort!

La vidéo, elle est là:

A day in Iceland


Et le récit complet de cette journée, vous pouvez le retrouver ici:

A la recherche du précieux (partie 4)


Un énorme merci à Max pour avoir pris en charge la réalisation!!

Merci mon pote!


mercredi 2 mars 2016

Tour d'Islande...18 - L'étrange histoire du voyant de pression d'huile...


Reykjahlid - Iles Féroé

Mercredi 12 -Vendredi 14 Août



Aujourd'hui je vais vous conter l’Étrange histoire du voyant de pression d'huile et du tableau de bord fantôme...

Un vrai conte de la crypte...

Mais commençons par le commencement.

Christelle et moi avons donc regagné la civilisation la veille, après moult péripéties plus ou moins rocambolesques - voir articles précédents. Quelques péripéties qui ont usé le corps et le mental, tout aussi fabuleuses qu'elles furent.

C'est donc avec les yeux globuleux et le cerveau spongieux que je vais me réveiller ce matin-là, et mon corps flasque aura beaucoup de mal à s'arracher du petit lit de ce dortoir où nous nous sommes entassés à six...alors qu'il n'y avait que quatre lits. Le genre de moment où je bénis d'être bionique et de pouvoir me débrancher pour regagner une bulle de confort qui parfois, seulement parfois, fait du bien. Cela me permet surtout de dormir partout sans subir les ronflements d'autrui. Et sans subir les miens aussi. Parce qu'il paraît qu'à ce niveau, j'envoie du lourd - n'est ce pas Mme MaPelle?

Bref, je vais avoir une flemme d'enfer...

Mais il va bien falloir se bouger. Déjà parce que je suis censé quitter la chambre à midi, et surtout parce qu'il me faut faire la vidange de ma moto afin de finir d'éliminer la flotte encore présente dans la mécanique.

Je vais donc tourner un moment pour trouver un garage. Le temps s'assombrit, il va devenir dégueulasse, et très bientôt les ennuis vont commencer.

Mais pas tout de suite...

J'arrive donc à trouver un garage, la vidange se fait, j'indique bien au mécano de mettre deux litres d'huile. Adjugé, vendu, c'est fait, tout se passe bien, et me voilà parti pour les deux cents derniers kilomètres de mon périple en Islande. Une formalité.

Enfin c'est ce que je croyais, car cela va être tout le contraire.

Au bout de quelques dizaines de kilomètres, voilà que mon voyant de pression d'huile s'allume. C'est rouge. Et le rouge sur les voyants alors que le moteur tourne, c'est le mal. Je commence à stresser. En effet, on m'a dit que l'huile c'était important pour une moto. Je ne sais pas trop pourquoi, mais il parait que ce n'est pas une légende urbaine.

Alors je m'arrête. Il flotte. Il fait froid. Ma moto est peut-être en train de mourir. C'est la fin du voyage. Le bonheur.



Je redémarre la moto, le voyant est éteint, youpi. Surement une fausse alerte. Tout comme ce tableau de bord qui se met à clignoter. C'est nouveau, ça vient de sortir, mais ça ne dure qu'un bref instant.

Comme je suis dans le déni complet, je repars.

Et le voyant se rallume.

Et je m'arrête à nouveau.



Et je laisse refroidir la moto.

Et je repars.

Et ça va continuer comme ça un bon moment.

Et ça commence à m'énerver un tantinet.



Je contrôle mon niveau d'huile une énième fois, quand d'un coup un idée me traverse le cerveau - ce qui peut être douloureux. Et si il y en avait trop, de l'huile? Car objectivement, en réfléchissant un peu - ce qui peut aussi être douloureux - mon niveau d'huile apparaît sensiblement au-dessus de ma jauge. Enfoiré de mécano viking, je lui avais pourtant bien dit "deux litres"!!

Alors je repars, doucement.

Puisque c'est la fin de mes aventures en Islande, je profite des deux arrêts suivant pour une fois encore repenser aux gens qui m'ont aidé.




Encore un énorme merci à vous tous!! Plus de 6 mois après mon retour, je n'en reviens toujours pas de cette vague de soutien...et c'est finalement cela qui fut le plus extraordinaire dans toute cette aventure Islandaise démarrée il y a maintenant presque un an...déjà!!
Merci également à Touratech, iCasque, L'Equipement.fr, Jean-Sam Communication, La Motardie, Le Journal Des Motards, Roadtrip Magazine, Gorando.com et tous les groupes Facebook qui m'ont soutenu en relayant mes aventures!

Cela va continuer ainsi jusqu'à tomber sur une auberge paumée le long de la route. Je sors mon PC, me prends un chocolat chaud qui me coûtera une rétine, et file sur internet pour essayer d'analyser la situation avec les plus mécanos de mes connaissances - Florent si tu me lis, encore merci pour l'assistance...
Quelques échanges plus tard, me voilà sur le parking à tenter de vider le trop plein d'huile. Seulement mon sabot gêne bien l'affaire et je n'ai pas d'huile en secours au cas où, suite à une fausse manipulation, mon réservoir venait à se vider plus que de raison. 

Alors j'y vais doucement, en mode "bordel, faut pas déconner avec tes deux mains gauches".

Quelques frayeurs plus tard, me voici avec vingt-cinq bons centilitres en moins. Ceci doit suffire.

Et repars donc...

Ho joie!!! Le voyant ne se rallume pa...bin non...

Certes j'ai fait un peu plus de chemin, mais le voilà qui revient me hanter, ce satané voyant. En parlant de trucs hantés, mon tableau de bord, lui, se la joue de plus en plus Casper le Fantôme, toutes indications disparaissant pendant plusieurs secondes, de plus en plus souvent.

Et il continue à pleuvoir...

Décidément, ceci est une belle journée de merde. Mais quand j'y repense, fatalement, c'est juste un grand sourire qui s'affiche sur ma tronche de cyborg! Quelle lutte! 

Je vais donc continuer comme ça pendant cent cinquante kilomètres, que je vais mettre plus de quatre heures à parcourir, sans compter l'arrêt dans l'auberge où j'ai bien croûter une heure et quelques.

C'est sur les coups de 21h, peut-être plus, que je vais arriver à un camping sans âme, coincé entre une grande route et quelques buildings. Il pleut toujours, je décharge le strict nécessaire, je me fais vite fait à manger. Demain matin je dois être debout avant 6h...Et puisque je dors débranché pour éviter d'abîmer mes oreilles bioniques, et plus particulièrement les câbles, je ne vais avoir pour seule alarme que le vibreur de mon petit téléphone portable à 10 euros habilement coincé dans mon caleçon afin d'être certain de ressentir les vibrations du réveil.

Oui, ceci est véridique.

Non, je n'ai pas honte.

Je ne m’étendrai pas là-dessus, ce sont les aléas de la vie d'un implanté...on entend, mais il reste des situations qui nous rappellent que l'on est sourd avant tout et qui peuvent nous pousser aux plus étranges extrémités.

La vie d'un handicapé peut-être parfois bien difficile...

*ahem*

Je m'égare...

La nuit se passe, je me réveille avant même que mon réveil ne vibre - quel dommage, le soleil est déjà levé et je m'en vais directement vider encore un peu d'huile.

Les affaires rangés, je serai le premier à quitter le camping...mais le dernier arrivé au Ferry, ou presque. Car ce maudit voyant est encore là!

Cela commence à devenir flippant...

Les vingt-cinq kilomètres qui me sépare encore du Ferry vont donc être parcouru par tranche de trois ou quatre kilomètres...en restant aussi bas que possible dans les tours, et en faisant refroidir la moto autant que possible.

La toute dernière photo de mon tracteur en Islande...
Ce sont les mêmes routes que j'ai parcouru 15 jours plus tôt quand j'ai débarqué sur l'île...me dirigeant alors sans le savoir vers une des plus folle aventure que j'ai pu vivre, et vers des péripéties que moi, poireau devant l'éternel, n'aurais jamais osé imaginer ! Autant vous dire que l'émotion fut au rendez-vous même si ce maudit voyant de pression d'huile à quelque peu gâché la fête...

Les tous derniers kilomètres se feront d'ailleurs en roue libre...histoire d'être sûr de ne pas serrer le moteur avant d'arriver au ferry. En effet, à ce moment là, je suis plutôt optimiste sur le fait de trouver un garage une fois arriver aux Féroé...quel naïveté!

Mais ça y est, j'y suis.
Et le soleil est là aussi.

Alors que je me prends un café dans le bar du coin, voilà que je vois débarquer Christelle à qui je vais confier mes problèmes mécanique et mon angoisse. Je vous avoue que je ne me rappelle plus trop de quoi nous avons parlé ensuite...
De toute façon, quelques instants plus tard nous voilà séparé. Elle ira sur la file des gens rentrant directement sur le continent, moi j'irai sur celle des voyageurs faisant halte aux Iles Féroé.

Alors que je patiente tranquillement, un homme chauve comme moi vient m'aborder, me demandant si je suis bien le connar...heu, le motard bionique. Teudiou, c'est pas la classe ça??

En effet, il avait pu voir ma tronche dans un article sur Roadtrip Magazine , merci à eux!!

Va alors commencer une longue discussion sur la moto, les voyages, le handicap, sujet qu'il ne connaît que trop bien de manière indirecte. Une belle rencontre, sans chichis, à cœur ouvert. Il me semble qu'il s'appelle Dominique, mais hélas j'ai perdu ses contacts...alors si quelqu'un ici le reconnait, merci de me mettre un mot sur FB, ou en commentaire ci-dessous!!

Merci pour ce moment :)

Commence alors le rituel de l'embarquement. On monte dans le Ferry, on dépose le matériel, on sangle les motos, on prend notre paquetage sous le bras et on part à la recherche de sa petite cabine.

Une fois fait, me voilà sur le pont...enfin au bar, où je vais croiser mes italiens préférés, vu à l'aller et croisés furtivement il y a quelques jours à peine. Nous sommes entre motard(e)s, et racontons nos voyages respectifs. Ils ont tous fait la boucle par la route uniquement (ou presque) alors quand je pars dans mon récit, tout heureux de m'être enlisé, d'avoir pété ma fourche, d'avoir frôlé la mort à cause du vent, d'avoir fait un aller-retour dans le centre juste pour une photo ou encore d'avoir noyé ma moto, les gens présents vont juste me regarder genre...


Je vais ensuite m'éclipser pour aller faire une sieste. Il est 15 ou 16h, et nous débarquons à 3 heures du matin. Il vaut mieux dormir un peu...surtout que j'aimerais beaucoup rouler de nuit.

Heu...

Je suis en train d'oublier que:
1) Je n'ai plus de feu de croisement
2) J'ai un problème de pression d'huile

Bref, pour le roulage de nuit on repassera...

Avant le débarquement je vais recroiser Christelle avec qui nous allons regarder quelques photos, et échanger vidéos et souvenirs. C'est la dernière fois que je l'ai vu, mais j'espère bien avoir l'occasion d'aller boire un coup avec elle dans son pays de consang...heu...dans cette jolie région du Nord! *je sens que je vais me faire démonter*

Il est maintenant temps de débarquer.

Je mets juste le contact sur ma moto...le tableau de bord est couvert de buée, l'écran LCD n'affiche quasiment plus d'informations, les voyants ne s'allument plus - alors qu'ils devraient - et quand je démarre, seul le voyant de pression d'huile se rallume - alors qu'il ne devrait pas. Bref, c'est en train de partir en cacahuète...

Et je reste poli.

Il fait vraiment nuit - une première depuis 15 jours -, je n'y vois rien avec ma loupiote de feu de croisement seule, il pleut, mais heureusement le camping n'est qu'à deux petits kilomètres. Le montage de la tente se fera vite - il faut dire que je commence à avoir l'habitude, et le sommeil ne se fera pas attendre.

Le lendemain, je vais pouvoir découvrir le cadre bucolique du camping, et en profiter pour faire un autoportrait...

Le gland entre les pattes de notre écureuil favori, c'est moi.

Mais malgré le soleil, c'est bien ma sombre histoire de mécanique qui va m'occuper toute la journée.

Je demande au gérant du camping s'il ne connait pas un garage pas loin...ce charmant Monsieur, de prime abord pas franchement aimable, passera une bonne demi-heure au téléphone à se renseigner pour savoir si quelqu'un peut m'aider. Comme quoi, il ne faut jamais trop se fier à une première impression! Ceci dit, l'échec sera total.

Puis, en contact avec un de mes mécanos - Thomas, si tu me lis... -, je vais passer la journée à essayer de savoir si oui ou non je peux continuer à rouler.
En plus d'être scotché à internet pour essayer de glaner toutes les informations possible, je vais aussi tenter de faire de la mécanique...de la mécanique façon LMB, c'est à dire comme un gland et n'importe comment.

Je ne sais plus trop le pourquoi du comment...mais il y avait une raison valable à cette situation. Surement.
Puis finalement, après diverses tergiversations, et après avoir abandonné tout espoir de solutionner le problème, je vais me rendre à l'évidence. De toute façon tout mon tableau de bord ne fonctionne plus...plus rien ne s'allume, ne s'éteint ou s'affiche quand il le devrait.

Un tableau de bord qui baigne dans l'eau, des indicateurs au comportement des plus incohérent, ma vitesse et ma jauge d'essence qui disparaissent...Alors pourquoi faire confiance à ce voyant de pression d'huile? Pourquoi s'inquiéter alors que j'ai juste noyé mon moteur dans une rivière deux jours avant? On se le demande!

De l'huile, il y en a ce qu'il faut, et il est probable que la surpression due au trop plein avec lequel j'ai roulé pendant quelques kilomètres ai tout simplement péter le capteur. Alors je décide que j'irai rouler dès le lendemain.

Et advienne que pourra!

J'enfourche donc la moto et file au centre commercial juste à côté pour avoir de quoi prendre l'apéro...C'est important, ça, prendre l'apéro.

De la vraie bière! Hi Ha!

C'est même le principal quand on se dit qu'on ne va peut-être pas pouvoir finir son roadtrip parce que son moteur va exploser à 140km/h sur l'autoroute du retour...je suis peut-être dans le déni, mais ce genre d'idée commence à fuser dans mon esprit!

A ce stade là de la journée, il faut bien le dire, je suis un peu morose...je viens (encore) de perdre une journée pour un problème mécanique, et l'état de la moto m'inquiète. En plus la fin de ce voyage commence à ressembler à un pétard mouillé. C'est là qu'une petite chose toute simple va venir m'apporter un bonheur qui le fut tout autant...

Le soleil se couche, et tout va devenir rougeoyant...ce n'était pas un simple couché de soleil, je n'ai pas le souvenir d'avoir vu une lumière aussi étrange dans ma vie. J'ai connu des couchés de soleil plus beaux, mais ce jour-là, cette lumière fut vraiment spéciale.

Alors je vais me poser face à l'océan avec mes bières, une clope, de la musique et les souvenirs d'un rêve accompli. Le reste? Je verrais bien demain.

Je m'en fous de toute façon.

J'ai fais le Tour d'Islande.







A suivre...